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159. (1725) Vie de l’auteur (Les Œuvres de Monsieur de Molière) [graphies originales] pp. 8-116

Moliere avoit passé des amusemens que l’on se fait avec un enfant, à l’amour le plus violent qu’une maîtresse puisse inspirer. […] Elle n’y fut pas plûtôt, que la Moliere envoya deux Gardes pour la faire sortir de l’Amphi-theâtre ; & se donna le plaisir d’aller lui dire elle-même, que puisqu’elle la chassoit de sa maison, elle pouvoit bien à son tour la faire sortir d’un lieu où elle étoit la maîtresse. […] Moliere étoit lui-même embarrassé comment il les rameneroit ; & à la fin fatigué des discours de ses Comediens, il dit à la Du-Parc & à la Bejart qui le tourmentoient le plus, qu’il ne savoit qu’un moyen pour l’emporter sur Scaramouche, & gagner bien de l’argent : que c’étoit d’aller bien loin pour quelque temps, pour s’en revenir comme ce Comedien ; mais il ajoûta qu’il n’étoit ni en pouvoir, ni dans le dessein d’executer ce moyen, qui étoit trop long ; mais qu’elles étoient les maîtresses de s’en servir. […] Pour moi, lui dit-il, je vous avouë que si j’étois assez malheureux pour me trouver en pareil état & que je fusse fortement persuadé que la personne que j’aimerois accordât ses faveurs à d’autres, j’aurois tant de mépris pour elle qu’il me gueriroit infailliblement de ma passion : encore avez-vous une satisfaction que vous n’auriez pas si c’étoit une maîtresse, & la vengeance qui prend ordinairement la place de l’amour dans un cœur outragé, vous peut payer tous les chagrins que vous cause votre épouse, puisque vous n’avez qu’à la faire enfermer ; ce sera même un moïen assuré de vous mettre l’esprit en repos.

160. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XXXIII. Examen de quelques Caracteres. » pp. 350-377

Je soutiendrai au contraire que de tous les caracteres composés, celui que M. de Marmontel indique ici est peut-être le plus riche, graces à Moliere, qui, encore novice dans l’art de mettre de grands caracteres sur la scene, a rétreci son sujet, en faisant de son Homme au ruban verd un personnage qui hait les hommes plus par humeur que par raison, en le resserrant dans un cercle fort étroit, & en ne le mettant aux prises qu’avec un bel esprit, des petits-maîtres, une fausse prude & sa maîtresse.

161. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

Je ne la regretterai pas, parce que, pour la remplacer, je compte absolument sur ces nobles esprits, sur ces talents d’un ordre si élevé qui nous ont donné, en définitive, toutes ou presque toutes les maîtresses œuvres de notre répertoire de genre.

162. (1862) Molière et ses contemporains dans Le Misanthrope (Revue trimestrielle) pp. 292-316

Rœderer, — la position de Molière, et le plaisir que le roi prenait à diriger son talent, on se persuaderait sans peine qu’en approchant l’oreille des rideaux du roi, on surprendrait quelques paroles dites à demi voix, pour désigner à Molière ce caractère, qui, bien que respecté au fond du cœur, avait quelque chose d’importun pour les maîtresses et pour les femmes de la cour qui aspiraient à le devenir8. » Préparer le triomphe du vice, tel serait donc le sens mystérieux du caractère d’Alceste.

163. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Dans tout cela, il faut le reconnaître, la pensée maîtresse du siècle, l’idée chrétienne tient fort peu de place. […] Ces maîtres du théâtre considéraient toutes les parties : poème, diction, action, comme inséparables ; leurs œuvres, réduites au livre, leur semblaient mortes ; enfin, au prix de la gloire journalière et directe qu’ils trouvaient sur la scène, de la joie qu’ils éprouvaient à voir leurs créations marcher et parler sous leurs yeux, à les incarner eux-mêmes, la gloire et la joie d’en prolonger la vie par le livre ne leur semblaient pas valoir le temps qu’elles auraient pris à leur occupation maîtresse.

164. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Molière avait passé des amusements que l’on se fait avec un enfant, à l’amour le plus violent qu’une maîtresse puisse inspirer. […] Elle n’y fut pas plutôt, que la Molière envoya deux Gardes pour la faire sortir de l’Amphithéâtre ; et se donna le plaisir d’aller lui dire elle-même, que puisqu’elle la chassait de sa maison, elle pouvait bien à son tour la faire sortir d’un lieu, où elle était la maîtresse. […] Molière était lui-même embarrassé comment il les ramènerait ; et à la fin fatigué des discours de ses Comédiens, il dit à la Du-Parc, et à la Béjart, qui le tourmentaient le plus, qu’il ne savait qu’un moyen pour l’emporter sur Scaramouche, et gagner bien de l’argent : que c’était d’aller bien loin pour quelque temps, pour s’en revenir comme ce Comédien ; mais il ajouta qu’il n’était ni en pouvoir, ni dans le dessein d’exécuter ce moyen, qui était trop long ; mais qu’elles étaient les maîtresses de s’en servir.

165. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XVII. » pp. 323-356

Chez Moliere, Cléanthis, suivante d’Alcmene, témoin de la tendresse de Jupiter pour sa maîtresse, veut engager Mercure, qu’elle prend pour son mari, à la traiter aussi favorablement : le messager des Dieux la rebute.

166. (1853) Des influences royales en littérature (Revue des deux mondes) pp. 1229-1246

Qu’on se l’appelle le mot si souvent cité de Mmede Sévigné sur la conversion de Racine : « Il aime Dieu comme il a aimé ses maîtresses. » Mmede Champmeslé d’abord, et la religion ensuite, voilà peut-être les deux influences les plus profondes qu’il dut subir : non qu’il faille méconnaître l’ascendant que Louis XIV exerçait sur le poète, puisque Racine ne put se consoler d’avoir perdu, par une bonne action, la faveur royale et que sa disgrâce le tua.

167. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Beffara et acceptés par tous les hommes sensés, de ne voir dans la femme de Molière que la fille et non la sœur de sa première maîtresse : « Pour ruiner l’autorité de l’acte de mariage, il est obligé de se mettre en frais d’inventions, et il imagine ce qui suit : il suppose que la mère de Madeleine Béjart aurait consenti à se donner pour la mère d’Armande, et à signer comme telle au contrat, s’exposant par cette complaisance à toutes les sévérités de la loi si elle venait à être découverte ; — et dans quel intérêt, s’il vous plaît ? […] Portrait d’Armande Béjart ; Molière l’épouse ; intérieur de son ménage ; sa femme et ses deux anciennes maîtresses. […] Aventure et procès d’un président de Grenoble qui croyait l’avoir pour maîtresse. […] Il n’avait été nullement inquiété tant qu’à l’exemple de Mazarin il n’avait fait que puiser dans le trésor de la France ; sa perte fut jurée dès qu’on apprit, qu’il avait osé soupirer pour la maîtresse du monarque. […] Cet homme, auquel tous ses biographes ont donné mademoiselle Béjart aînée pour maîtresse, brise bientôt sa chaîne et prend celle de mademoiselle De Brie.

168. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Ils ignorent que Don Juan les a prévenus, sur-tout Anfriso, qui est amoureux de Tisbéa, & qui, en attendant l’arrivée de sa maîtresse, ordonne aux musiciens de chanter.

169. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Vous lui faites jouer cette niaise comédie dans laquelle toutes choses sont bouleversées, où le valet devient le maître, où le maître devient le valet, pendant que de leur côté Marton et sa maîtresse changent également de robe, d’allure, de langage et d’amours.

170. (1871) Molière

Le roi, qui déjà passait à d’autres amours, se consola bien vite de la perle de sa maîtresse, et s’en fut chercher sur les bords du Rhin une autre héroïne de Bossuet, Henriette d’Angleterre, les brèves amours de l’Angleterre et de la France.

171. (1910) Rousseau contre Molière

Il a des candeurs que j’ai indiquées et qui sont d’un jeune homme, d’un homme qui n’a même pas les vingt-cinq ans que je lui donnais ; il a, avec sa maîtresse, des emportements qui seraient inexcusables chez un homme de seconde jeunesse. […] Eliante, à son dire, prétend être maîtresse au logis et ne trouve que tout va bien que si elle commande. […] Pour mon compte, je gagerais que sa tirade maîtresse (épouser une sotte… De savoir prier Dieu, m’aimer, coudre et filer) a été applaudie vigoureusement.      […] Sophie « aura la voix flexible et juste, chantera avec goût, à la rigueur saura s’accompagner, mais sans connaître une seule note », elle n’aura eu « d’autre maître à chanter que son père, d’autre maîtresse à danser que sa mère ; elle aime la musique pour elle-même ; mais c’est un goût plutôt qu’un talent ; elle ne sait point déchiffrer un air sur la note ». […] VIII - Conclusions — Mais que faites-vous alors de cette théorie si vraisemblable, soutenue si brillamment par Brunetière, par d’autres aussi, qui veut que toute la philosophie de Molière, soit le retour à la nature, l’obéissance à la nature, la nature toujours prise pour guide ; et comment, s’il en est ainsi, Rousseau peut-il être si loin de Molière, Rousseau qui n’a pas d’autre philosophie que le retour à la nature, la nature prise pour maîtresse de mœurs et l’obéissance aux conseils infaillibles de la nature ?

172. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

Thomas Diafoirus se tourne toujours vers l’astre resplendissant des yeux adorables de sa maîtresse.

173. (1874) Leçon d’ouverture du cours de littérature française. Introduction au théâtre de Molière pp. 3-35

L’un nous montre Néron courant les rues de Rome avec une guitare et chantant un sonnet sous le balcon de sa maîtresse ; dans l’autre, Cléopâtre, qui propose une partie de billard, peut marcher de pair avec Judas jouant aux échecs.

174. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Trop de complication dans le nœud, et trop peu de vraisemblance dans le dénouement : cependant on y reconnaît dans le jeu des personnages une source du vrai comique ; pères, amants, maîtresses, valets, tous ignorent mutuellement les vues particulières qui les font agir : ils se jettent tour à tour dans un labyrinthe d’erreurs, qu’ils ne peuvent démêler.

175. (1892) Vie de J.-B. P. Molière : Histoire de son théâtre et de sa troupe pp. 2-405

Mais, pendant les quelques mois qu’il passa à la Grange, voici ce qui arriva, au rapport de l’abbé Daniel de Cosnac, depuis archevêque d’Aix, qui dit dans ses Mémoires : « Aussitôt que Mme de Calvimont (maîtresse du prince de Conti) fut logée dans la Grange, elle proposa d’envoyer chercher des comédiens. […] Quelques présents faits par un concurrent à la maîtresse du prince de Conti faillirent compromettre, comme on l’a vu, l’avenir de Molière. […] Peut-être Somaize croyait-il venger sa maîtresse en attaquant Molière. […] La défense, dans cet ouvrage d’ailleurs curieux, est plus faible que l’attaque, et les défenseurs finissent par faire amende honorable et chanter la palinodie pour complaire à leurs maîtresses, de sorte qu’à la fin tout le monde est d’accord contre Molière.

176. (1865) Les femmes dans la comédie de Molière : deux conférences pp. 5-58

Elle a écrit à Oronte ; la lettre surprise est dans les mains d’Alceste ; il accourt furieux, éclate, puis se calme, et lui qui tout à l’heure accusait sa maîtresse, il la prie à genoux de se justifier : À vous prêter les mains ma tendresse consent28 ; Efforcez-vous ici de paraître fidèle, Et je m’efforcerai, moi, de vous croire telle.

177.

Va, va rendre réponse à ta bonne maîtresse…. […] Le Dépit amoureux a été, en partie, imité par Edward Ravenscroft, un des plagiaires les plus constants de Molière, dans The Wrangling Lovers, or The Invisible Mistress (Les Amants qui se querellent, ou la Maîtresse invisible). […] Cette imitation n’a jamais été représentée, mais dans la liste des acteurs qui devaient jouer dans cette pièce, se trouve le nom de Nell Gwyn, la maîtresse du roi Charles II.

178. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

Il voulut qu’on représentât deux princes qui se disputeraient une maîtresse en lui donnant des fêtes magnifiques et galantes.

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