Une telle ordonnance ne satisfait pas l’Apothicaire, sur-tout quand le Docteur lui défend de mettre la bouteille d’eau sur son mémoire.
L’homme par instinct est né imitateur ; tout ce qu’il voit, tout ce qui l’entoure se grave profondément dans sa mémoire, y laisse une impression presque ineffaçable.
Voilà le seul hommage qui intéresse le poète : même une promenade au Panthéon réjouirait moins sa mémoire ; il dort très bien à Saint-Roch, pourvu qu’il entende en rêve un bruit d’applaudissemens venu de la Comédie-Française.
Nous insultons à la mémoire du Roi-Soleil ; nous voulons croire que toute idée de justice ou de liberté devait sécher aux feux de ses rayons absolus.
Par son dévouement pour une infortune qui l’enveloppait lui-même, Pellisson nous a donné dans ses Mémoires les premiers modèles de l’éloquence judiciaire en France, car le pédantisme et la fausse grandeur gâtaient encore les plaidoyers d’Antoine Lemaitre, et ceux de Patru étaient polis et châtiés jusqu’à la sécheresse.
J’ai trouvé, Monsieur, dans les mémoires de feu mon pere, une dette qui n’a pas été payée, &c.
James42, & de longs mémoires à Ludgate-hill43.
L’adoption éclatante que vous faites aujourd’hui, Messieurs, de ce grand homme, venge sa mémoire, et honore l’Académie.
C’est une analyse raisonnée et écrite de mémoire par un spectateur qui avait assisté à l’unique représentation de l’ouvrage ; la fidélité de l’extrait, l’enchaînement exact des scènes, les citations des passages les plus remarquables et même des vers les plus heureux, l’apologie fine et mesurée de la moralité de la pièce, la raison supérieure, le tact sûr, le goût exquis dont cette production est empreinte, tout, jusqu’à l’impartialité bienveillante qui la distingue, ont dû faire penser que Molière seul avait pu si bien se connaître, se défendre et se juger. […] Il paraît qu’en effet l’abbé Roquette a fourni les principaux traits au peintre du Tartuffe ; l’abbé de Choisi le dit formellement dans ses Mémoires, et madame de Sévigné, parlant de ce prélat, l’appelle malicieusement le pauvre homme.
Weiss l’a recueillie à peu près telle quelle, l’a parlée, de nouveau, au papier, en quelque sorte pour mémoire, en vue d’une publicité possible, mais lointaine, et dont l’heure n’est jamais venue. […] Fléchier lui-même a écrit un livre prodigieux, étonnant, sous ce rapport, les Mémoires des grands jours d’Auvergne ; c’est un amas d’assassinats, d’empoisonnements, d’infamies de toutes sortes, commis par les seigneurs d’Auvergne contre des notaires, des avocats, des juges et des baillis de ce pays. […] C’est le Clavijo de Goethe, pièce qui a fait époque dans l’histoire des mœurs, et que je pourrais presque appeler une pièce française, car elle a été découpée dans les Mémoires de Beaumarchais. […] Aussi, messieurs, aujourd’hui que la grandeur de Louis XIV est de toute part si violemment contestée, aujourd’hui que le génie de Saint-Simon, fléau tardif, mais implacable, de son orgueil, a popularisé tant de révélations fâcheuses pour son caractère et son gouvernement, il garde un titre de gloire plus ferme peut-être que tous les autres, parce que les plus acharnés contre sa mémoire n’oseront le lui ravir, c’est de n’avoir pas, tant qu’il fut jeune, redouté l’esprit que Saint-Simon l’accusa, dans sa vieillesse, de haïr ; c’est d’avoir défendu résolument Molière en mesurant la faveur dont il le comblait à la vivacité des attaques dirigées contre lui, et c’est aussi d’avoir laissé cet autre grand homme et cet autre honnête homme, l’émule de Molière dans la peinture des mœurs et la critique impitoyable de la société du xviie siècle, le sage et triste La Bruyère, jouir en paix de son indépendante solitude. […] Cardinal de Retz, Mémoires, IIe partie, chap.
C’est des Dieux, des Savants dont je t’ai dit les noms ; Et j’en ai mille encor que, manque de mémoire...
Louis XIV ne fut pas un saint ; de terribles reproches atteignent sa mémoire. […] Nous prions les lettrés qui ont la mémoire pleine des homélies de Molière, de nous prêter un peu d’attention et de vouloir bien se souvenir que les paroles suivantes ont été prononcées devant Louis XIV adultère : « Chrétiens, prenez garde à cette réflexion de saint Bernard, qui me semble également solide et ingénieuse : « Quand l’homme se laisse emporter à l’ambition, c’est un homme qui pèche, mais qui pèche en ange ; pourquoi ? […] Il peut être ingénieux, gracieux, amer, grotesque, terrible ; il peut enfoncer dans toutes les mémoires ses sarcasmes comme des flèches barbelées qu’aucune puissance n’arrachera plus : jamais il ne fera rire dans l’âme. […] Mémoires de Trévoux, 1704. […] Le commentateur Bret qui fut l’Aimé-Matin de son siècle, bon ennemi des jésuite alors exilés car le zèle des "vrais chrétiens » qui se rendaient garants des pures intentions de Molière, raconte à cette occasion une anecdote carieuse, qu’il termine par un compliment dont nous ne voulons pas priver la mémoire du grand honnête homme: "On prétend que Molière ayant. lu sa comédie chez une fille célèbre, qui, par un mérite rare, se faisait pardonner les faiblesses de son sexe, celle-ci lui conta l’histoire d’un hypocrite avec des traits si naturels et si forts, qu’à peine se pardonna-t-il d’avoir terminé le tableauqu’elle venait d’esquisser à ses yeux.
Elle cherche dans sa mémoire avant que de répondre.
Timon est entouré de créanciers qui présentent leur mémoire : ce spectacle le déchire, il croit que Mélisse l’aidera ; elle passe, évite ses regards & fuit bien vîte.
L’intelligence proprement dite, la faculté de poursuivre les idées, de les associer, de raisonner, et les connaissances intellectuellement acquises et retenues par la mémoire, sont si peu les éléments créateurs de la raison en morale, du bon jugement, que des hommes d’une intelligence médiocre, d’une instruction nulle, peuvent, ainsi que le fait ressortir Molière, faire preuve de beaucoup de raison s’ils sont doués de bon sens, c’est-à-dire de sentiments moraux, d’instincts droits, équitables ; tandis que des hommes très intelligents et fort instruits, n’ayant que de mauvais sentiments et manquant de ceux qui inspirent la justice et les aperçus vrais, montrent par leurs paroles insensées et par leur conduite extravagante, immorale, lorsque leurs passions viennent les assaillir, qu’ils sont alors complètement dénués de raison. […] Ce ne sont pas seulement les préceptes moraux sentis par la conscience en état de raison qui disparaissent momentanément de l’esprit dans l’état de folie ; ce sont également les préceptes appris par l’instruction et retenus par la mémoire. […] En plaçant la raison dans le bon sens de Mme Jourdain et de Nicole, Molière affirme une fois de plus que la raison, qui guide sagement l’homme dans ses pensées et dans ses actes, tire son principe des instincts moraux, des facultés morales, de la science qu’ils donnent d’inspiration, et non des facultés intellectuelles proprement dites, du pouvoir d’associer les idées, de raisonner, ni des connaissances acquises par l’instruction et retenues par la mémoire.
ne présente plus, te dis-je, à ma mémoire Des trahisons qu’un jour on aura peine à croire.
Vous avez tous, Messieurs, récité ces vers si précis, si bien frappés et qui, comme tous ceux du même poète, une fois entrés dans la mémoire, n’en peuvent plus guère sortir : Chez nos dévots aïeux, le théâtre abhorré Fut longtemps dans la France un plaisir ignoré.
Mais ce qu’il y a de plus singulier, c’est que le même auteur, qui voulait armer tout à l’heure contre Molière tous les grands seigneurs du royaume, leur reprocha de l’encourager, de lui fournir même des mémoires ; ce qui était arrivé en effet pour la comédie des Fâcheux. […] Molière est surtout l’auteur des hommes mûrs et des vieillards : leur expérience se rencontre avec ses observations, et leur mémoire avec son génie.
Ne craignez rien : cela ne m’échappera pas de la mémoire.
La comédie ne corrige personne, puisque, pour qu’elle corrigeât quelqu’un, il faudrait qu’on se reconnût dans les portraits qu’elle présente, ce qui n’arrive jamais, M. de Soyecourt a laissé un agréable souvenir dans la mémoire de Molière ; car il a tracé à nouveau sa silhouette en quelques vers dans le Misanthrope : Dans le brillant commerce il se mêle sans cesse, Et ne cite jamais que duc, prince ou princesse : La qualité l’entête ; et tous ses entretiens Ne sont que de chevaux, d’équipage et de chiens… L’École des femmes Dans l’École des femmes, Molière a repris la question et la thèse dont il s’était occupé dans l’École des maris, mais à un point de vue nouveau et assez différent, Dans l’École des maris, il était question surtout de l’éducation des filles ; dans l’École des femmes, il est question surtout de l’instruction des filles. […] Aussi bien, Monsieur Dandin n’avez-vous pas mémoire que vous vous êtes marié pour avoir des enfants gentilshommes ? […] Tiens, voilà un louis d’or ; mais je te le donne pour l’amour de l’humanité. » « Cette scène, convenable au caractère impie de Don Juan, mais dont les esprits faibles pouvaient faire un mauvais usage, fut supprimée à la seconde représentation, et ce retranchement fut peut-être cause du peu de succès de la pièce. » Est-il assez singulier que Voltaire, d’abord connaisse si peu la mentalité du parterre de 1665 qu’il s’imagine que la scène du pauvre aurait fait le succès de la pièce ; ensuite que de cette scène, qu’il cite sans doute de mémoire, il oublie tout l’essentiel ? […] Remarquez en passant qu’Argan est avare aussi de son bien, ce qui est fort naturel, et réduit farouchement les mémoires de Monsieur Fleurant. […] Elle est intellectuelle, elle est littéraire en ce qu’elle a l’âme la plus livresque qui se puisse, une âme de cabinet de lecture, et quand elle sera tout à fait vieille, die écrira ses mémoires où l’univers apprendra qu’il a été amoureux d’elle pendant un demi-siècle et qu’elle l’a désespéré par les escarpements de sa vertu.