Quand j’écoute avec ravissement une mélodie italienne, et que vous, mon cher lecteur, vous haussez légèrement les épaules avec une expression de quasi-mépris sur les lèvres, je vous plains, et en fait je suis plus favorisé que vous, puisqu’à ce moment-là j’ai un sens qui vous manque.
Sedaine, si avantageusement connu par le Philosophe sans le savoir, & par plusieurs Opéra comiques, mit l’année derniere sur le théâtre de la Comédie Italienne, la fameuse églogue de Fontenelle 23, intitulée Thémire.
On permit à sa troupe de s’y établir ; ils s’y fixèrent, et partagèrent le théâtre du Petit-Bourbon*, avec les comédiens Italiens qui en étaient en possession, depuis quelques années.
Enfin arrive cette scene divine, cette scene inimitable, qui mériteroit d’être rapportée ici mot à mot, si nous ne la réservions pour la comparer, quand il en sera temps, avec la scene italienne dont elle est imitée.
Les uns les bannissent totalement du théâtre, les autres au contraire se passionnent pour eux, les aiment tous, & viennent aux François pour un madrigal en monologue, à peu près comme on va aux Italiens pour une ariette.
Dans une farce italienne intitulée les vingt-six Infortunes d’Arlequin, Pantalon a une fille qu’il n’a pas vue depuis son enfance.
Le Comte, qui protege l’Opéra, a souffert de l’article qu’on vient de lire ; mais il prend sa revanche sur la Comédie Italienne que le Baron chérit.
Les Espagnols ont produit plus de comédies que les Français et les Italiens ensemble.
Cependant éclataient les troubles politiques de la Régence, espèce de tragi-comédie, compliquée d’astuce italienne, de rancune espagnole, de légèreté française, et dénouée par une composition amiable entre des intérêts qui s’étaient armés les uns contre les autres, sans trop savoir de quoi ils avaient à se plaindre, ni ce qu’ils pouvaient espérer. […] La comédie italienne Ce n’était point la première fois que le théâtre flétrissait l’Avarice, et Molière comptait de nombreux devanciers. […] Il est vrai que ce type appartenait depuis longtemps au répertoire italien, dont Molière connaissait à fond toutes les finesses. […] Il n’épargnait pas les canevas à l’italienne, les impromptus, tels que Le Médecin volant, et La Jalousie du Barbouillé, préludes du Médecin malgré lui et de George Dandin, Les Docteurs rivaux, Le Maître d’école, Le Docteur amoureux. […] La plupart des comédies italiennes dont il est ici question furent des impromptus, dont les canevas mobiles n’avaient rien de fixe, et variaient selon le caprice des acteurs qui pouvaient y glisser, après coup, leurs improvisations.
Bientôt nous suivîmes les traces des Italiens, comme ils ont depuis suivi les nôtres ; & nous fîmes des pieces en trois actes, comme ils en font présentement en cinq.
Cette troupe demeura à Paris pendant trois années : long espace de temps, car les troupes italiennes avaient le caractère essentiellement ambulatoire.
Moliere a pris encore l’idée d’une petite scene dans une piece italienne intitulée Pantalon jaloux. […] Moliere a conservé tout le plaisant de la scene italienne, sans nous faire voir un maître qui, pour exercer ses gens à maltraiter un de ses anciens amis, s’avilit jusqu’à recevoir des coups de bâton de la main même de ses domestiques.
L’Italien usa et abusa de l’ascendant qu’il avait pris sur le roi. […] Mais la mort le surprit bientôt après, et l’Italien reporta le poids de sa rancune sur la veuve et sur les camarades du défunt. […] Une communauté de griefs les unissait, lui dépossédé de son privilège, elle de son théâtre, et tous les deux par les intrigues du musicien italien. […] Piganiol de la Force, dans sa Description de la Ville de Paris, a parlé de cette salle des machines dont l’Italien Vigarani donna le plan et conduisit l’exécution. […] Ballande organisa, au théâtre Italien, un musée de Molière.
Dans Arlequin Valet étourdi, piece Italienne, on charge Arlequin de deux lettres ; l’une est pour Rosaura, l’autre pour Leonora.
Les Italiens représentent très souvent une piece dans laquelle Arlequin éprouve vingt-six infortunes, & c’est au hasard qu’il les doit toutes : il demande l’aumône à un cabaretier qui se trouve un frippon ; le hasard ne produit rien là de fort merveilleux : il traverse un bois, il rencontre, par hasard, des voleurs qui le déshabillent & lui volent sa bourse : il se couche dans une écurie, il se place par hasard auprès d’un cheval qui rue : il s’enveloppe dans une botte de paille au milieu du chemin, des voleurs y mettent le feu pour se chauffer : il veut entrer dans une maison par la fenêtre, le hasard veut que le balcon tombe précisément dans ce moment, &c.
L’auteur des Observations sur le Festin de Pierre 7 commence en jouant la légèreté et la malice ; il feint de rendre justice à Molière et croit lui décocher les traits les plus sanglants sans se douter combien il accuse lui-même par là la pauvreté et la platitude de son esprit : « Il est vrai, dit-il, qu’il y a quelque chose de galant dans les ouvrages de Molière, et que, s’il réussit mal à la comédie, il a quelque talent pour la farce. »Ce n’est même là qu’une feinte concession, car il ajoute : « Quoi qu’il n’ait ni les rencontres de Gautier-Garguille, ni les impromptus de Turlupin, ni la bravoure du capitan, ni la naïveté de Jodelet, ni la panse de Gros-Guillaume, ni la science du docteur, il ne laisse pas de divertir quelquefois et de plaire en son genre. »Il lui reproche de n’avoir pas le talent de l’invention ; mais il reconnaît qu’il traduit assez bien l’italien et parle passablement français. […] Nous n’insisterons pas beaucoup sur l’imputation d’avoir mis sur la scène une religieuse qui a violé ses vœux ; car il ne faut pas oublier que sur le théâtre italien et espagnol, dont la pièce est tirée, les auteurs ne se faisaient pas faute de faire paraître des religieuses et des moines ; et si notre théâtre est devenu plus scrupuleux, c’est en grande partie à Molière qu’il le doit. […] On répondra peut-être que ce trait n’est pas de Molière et qu’il est emprunté à la comédie italienne ; ce serait une faible excuse, car cette comédie ne pouvait pas avoir la grande et profonde signification que Molière a donnée à la sienne ; on peut dire aussi plus solidement que, dans une âme vulgaire comme celle que Molière a voulu peindre, l’intérêt personnel éclate malgré tout.
Perrin, on pourrait joindre à ces deux toiles, qui sont des œuvres d’art de premier ordre, une estampe grossière, signée Simonin, dont la Bibliothèque nationale possède le seul exemplaire connu ; le Molière compris dans un tableau anonyme, assez ordinaire, peint en 1670 et représentant les Farceurs français et italiens depuis soixante ans, qui appartient aussi à la Comédie-Française ; et les figures très médiocres dessinées par Brissart et Sauvé pour l’édition de Molière publiée en 1682. […] Il avait recueilli, en effet, tout ce que la tradition comique devait aux Français et aux Italiens et il la joignait aux créations personnelles de son génie. […] Il était, semble-t-il, l’ami des comédiens du Palais-Royal, quelque chose comme l’aumônier de la troupe ; homme précieux, car ils ne trouvaient pas facilement des confesseurs dans le clergé séculier : une lettre de Louis Riccoboni, leLéliode la comédie italienne, publiée par M.
Molière accusé de plagiat par les Italiens ; il a imité nos vieux auteurs. […] Durant ces diverses excursions et ces stations successives, Molière fit représenter, outre son Étourdi, quelques farces dans le goût italien par lesquelles il préludait à ses belles compositions. […] Cette salle était déjà occupée par la troupe des comédiens italiens que dirigeait Torelli. […] Presque tout ce qui lui appartient en propre dans ces deux productions, comme tout ce qu’il a emprunté à ses devanciers, est dans le goût des théâtres latin, espagnol et italien. […] Jusque-là imitateur habile, quelquefois rival heureux des Latins et des Italiens, il ne nous avait intéressés qu’aux ruses d’un valet ou aux amours de deux jeunes gens.
Un peu plus tard, il m’est venu une première bonne fortune qu’on m’apporta pour rien, pour un billet de mille francs : cinq cents dessins aux trois crayons, à la sanguine, à la mine de plomb, portant la date certaine du temps de Louis XIV et de la Régence, toute la troupe de Molière, tout l’opéra de Lulli, tout le Théâtre français, toute la Comédie italienne. […] « Ce qui semblerait venir à l’appui de cette allégation, c’est d’abord la connaissance parfaite de la langue italienne que possédait Molière, ensuite sa propension à mettre en scène des Napolitains et des Siciliens, et enfin, le dénouement de la comédie de l’Avare, fondé précisément sur les événements politiques qui venaient de se passer à Naples. » Mais ne serait-il pas permis de penser que M. de Modène, bon camarade de Molière, lui donna çà et là des scènes toutes faites dans ses premières comédies. […] Dès les premières fois que Molière joua Les Précieuses ridicules avec la Du Parc, il s’amusa à rimer ces jolies stances qui ont le ton français et la désinvolture italienne. […] Elle y fut mercredi conduite Avec une nombreuse suite, Dont étaient les comédiens, Tant les Français qu’italiens, Les adorateurs de ses charmes, Qui ne la suivaient pas sans larmes ; Quelques-uns d’eux incognito, Qui, je crois, dans leur memento Auront de la belle inhumée Fort longtemps l’image imprimée. […] Jeanne imagina un tour digne d’un valet de la farce italienne.
Les Italiens jouent un canevas intitulé le Docteur Avocat des Pauvres, dans lequel le fils de Pantalon, après avoir tué à son corps défendant le fils du Docteur, est prêt à perdre la vie.