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109. (1868) Une représentation de M. de Pourceaugnac à Chambord. Examen de deux fragments inédits paraissant appartenir à l’œuvre de Molière (Revue contemporaine) pp. 700-722

Après avoir parlé du talent merveilleux de Molière et de la hâte apportée par lui à son travail, l’auteur de la Relation s’exprime ainsi à propos de la Bergerie-Bachique mêlée à Georges Dandin, « Il semble que ce soit deux comédies que l’on joue en mesme temps, dont l’une soit en prose et l’autre en vers; elles sont pourtant si bien unies à un mesme sujet qu’elles ne font qu’une mesme pièce et ne représentent qu’une seule action. » Il y avait donc ici fusion complète des deux œuvres ; l’ouverture était faite par quatre bergers, et quatre autres, jouant de la flûte, faisaient une danse « où ils obligent d’entrer avec eux un riche païsan qu’ils rencontrent, et qui, mal satisfait de son mariage, n’a l’esprit remply que de fâcheuses pensées : aussi l’on voit qu’il se relire bientôt de leur compagnie, où il n’a demeuré que par contrainte. » Evidemment, ici, Georges Dandin était en scène.

110. (1914) En lisant Molière : l’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Les faux soldats, hommes que l’on engageait pour un jour afin de les faire figurer dans une revue et de combler les vides de la compagnie, s’appelaient passe-volants. […] Certaines crudités de langage dont les précieux et précieuses avaient nettoyé la bonne compagnie et par suite commençaient à nettoyer le théâtre, et certaines équivoques un peu appuyées alarmèrent quelques pudeurs. […] On en pourrait ; dire autant du Misanthrope étant question de Molière, C’est le chef-d’œuvre de la délicatesse, de la ‘finesse, de l’esprit, du ton de bonne compagnie et en même temps de la psychologie juste et profonde. […] Le rôle de Sosie, amplifié élargi, est devenu une merveille et les scènes entre Sosie et Cléanthis, qui sont de Molière absolument seul, sont d’une franche gaieté plantureuse qui fait songer à Rabelais, mais à un Rabelais qui serait de bonne compagnie. […] Molière n’osa pas la jouer sur son théâtre et se contenta de la lire dans les compagnies.

111. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Je ne voudrais pas dire trop de mal de la belle compagnie qui se réunissait à l’hôtel de Rambouillet. […] Il est beaucoup d’officiers capables de marcher à la tête d’une compagnie ; mais il en est fort peu qui sachent faire manœuvrer avec ensemble tous les corps d’une nombreuse armée : de même il n’est pas très rare de rencontrer des artistes assez habiles pour exprimer avec bonheur un sentiment ou une idée ; mais il est beaucoup moins commun d’en trouver qui soient de force à donner la vie a des créations plus complexes et plus riches. […] Pour que la compagnie soit au complet, il ne manque que l’aigre Arsinoé, une de ces prudes sur le retour, comme il y en eut tant dans ce siècle, qui connut plus d’un genre d’hypocrisie. […] Mais il n’y avait pas beaucoup moins de Trissotin«, qui arrachaient les femmes au foyer domestique pour en faire les prêtresses galantes du faux savoir et du bel esprit; qui, au lieu de les laisser assises auprès du berceau de leur premier né, leur dressaient dans les salons des belles compagnies un trône de clinquants; qui leur proposaient d’échanger la baguette charmante de ce pouvoir de charme et de séduction que la femme exerce dans la famille contre je ne sais qu’elle férule chamarrée de rubans roses et de devises prétentieuses, sceptre sans grâce et sans majesté, que la sottise seule pouvait être fière de porter. […] Il ne passe les bornes en aucun point; il a assez de finesse de tact pour ne jamais trop appuyer; c’est le sage formé par le monde, le véritable honnête homme, tel qu’on l’entendait au XVIIe siècle, dans les meilleures compagnies.

112. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

Vous me voyez, leur dit le roi, occupé à faire manger Molière, que mes valets-de-chambre ne trouvent pas assez bonne compagnie pour eux. […] Il ne le mettait pas en mauvaise compagnie, puisqu’il l’associait à Regnard. […] « Chapelle,dit Saint-Marc, éditeur de ses Œuvres,était un homme de la compagnie duquel il fallait se passer, ou s’en accommoder au prix qu’il y mettait. […] La compagnie a, d’une voix unanime, accepté le don de M. le secrétaire, qui a proposé différentes inscriptions pour ce buste.

113. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Ce dessein, Don Juan, ne choque pas ce que je dis ; & la compagnie d’une femme légitime peut bien s’accommoder avec les louables pensées que le Ciel vous inspire.

114. (1871) Molière

Elle était une des bonnes comédiennes de sa troupe (on ne disait pas encore la compagnie) ; elle était bien faite, agréable et bien disante.

115. (1910) Rousseau contre Molière

La comédie doit faire rire honnêtement les gens de bonne compagnie. […] Ce sont eux qui les premiers ont introduit ces grossières équivoques, non moins proscrites par le goût que par l’honnêteté, qui firent longtemps l’amusement des mauvaises compagnies [Rousseau devrait dire « réintroduit » pour marquer que ces équivoques, universellement usitées au théâtre avant Molière, avaient été écartées par Molière lui-même], l’embarras des personnes modestes et dont le meilleur ton, lent dans ses progrès, n’a pas encore purifié certaines provinces. […] Les précieuses ridicules sont ridicules par leur vanité, sans doute, mais surtout par la maladresse avec laquelle, voulant être delà meilleure compagnie, ce qui est une ambition louable, elles ne réussissent qu’à prendre des laquais pour des gentilshommes. […] J’ai souffert qu’elle ait vu les belles compagnies, Les divertissements, les bals, les comédies ; Ce sont choses, pour moi, que je tiens de tout temps Fort propres à former l’esprit des jeunes gens ; Et l’école du monde, en l’air dont il faut vivre, Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre. […] La fille est jeune, comme tu vois ; les jeunes gens d’ordinaire n’aiment que leurs semblables et ne cherchent que leur compagnie.

116. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Depuis longtemps déjà, elle vit dans cette maison où Tartuffe, gueux et déguenillé, s’introduisit un jour, revenant de l’église en compagnie du maître.

117. (1870) La philosophie dans le théâtre de Molière (Revue chrétienne) pp. 326-347

. — Heureusement, ce reproche de légèreté atteignait tant de critiques que le plaisir de nous trouver en si nombreuse et si bonne compagnie aurait pu suffire à lui seul pour nous consoler de notre mésaventure.

118. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Il n’importe ; votre vertu n’est point farouche, et jamais personne n’a mieux accordé Dieu et le monde que vous ne faites. » Le 26 juillet 1671, madame de Sévigné écrit à sa fille : « Hier, comme j’étais toute seule dans ma chambre avec un livre précieusement à la main… » Le 21 octobre suivant, elle écrit à sa fille : « L’honnêteté et la préciosité de mon long veuvage… » La langue, le bon sens et madame de Sévigné s’accordent très bien à consentir que précieuse soit entendu par la bonne compagnie comme signifiant qui a du prix, du mérite, de la valeur, et par opposition aux femmes communes, sans valeur et sans mérite, de toutes les conditions.

119. (1802) Études sur Molière pp. -355

Si je jouais le rôle de Clitandre, je me dirais, Molière veut que ma façon de rire et mon ton de fausset soient ridicules, mais de manière à faire rire la bonne compagnie, et non les partisans, les admirateurs de Polichinel. […] Une pareille tradition est certainement bonne à suivre : cependant nos madame Jourdain entrent présentement dans la salle où dîne la compagnie, comme une gouvernante qui vient de vaquer aux apprêts du dîner, et Jourdain ne confirme que trop les spectateurs dans cette idée, lorsqu’il lui présente une cuisse de volaille sur un morceau de pain. […] J’ai entendu mademoiselle C… blâmer très vivement son camarade F…, qu’elle aimait, d’avoir osé jouer le comte d’Olban, et de l’avoir bien joué, pendant l’absence de son camarade M…, qu’elle n’aimait pas ; et voilà pourquoi, dans la capitale, dans une capitale qui comble d’honneurs et qui gorge d’argent ses comédiens, la scène est insensiblement livrée aux jeunes premiers de cinquante ans, aux nourrices de quinze, aux hommes de cour sans maintien, aux valets de bonne compagnie, aux céladons à grosses épaules, aux doubles, aux triples condamnés à ne s’exercer que dans l’emploi dont personne ne veut.

120. (1772) De l’art de la comédie. Livre second. De ses différents genres (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XLIII. Du But Moral. Philosophie de Regnard comparée à celle de Moliere. » pp. 504-548

Supposons-nous dans une compagnie nombreuse : on parle de filouterie ; on raconte les tours les plus adroits des illustres frippons.

121. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE V. D’Ancourt imitateur, comparé à Moliere, la Fontaine, Saint-Yon, le Sage, Montfleury, &c. » pp. 133-184

Bernard sous l’habit d’une femme, le croit fou, ne veut pas laisser sa niece en si mauvaise compagnie, & l’emmene pour la marier avec Dorante qu’il connoît.

122. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

Molière ne les attaqua pas seulement dans une compagnie ; il vit qu’ils existaient partout, dans tous états, sous tous habits. […] Celui-ci amena un jour, à Auteuil, grande compagnie: c’étaient MM.

123. (1747) Notices des pièces de Molière (1670-1673) [Histoire du théâtre français, tome XI] pp. -284

« [*]M. l’archevêque de Paris, directeur de l’Académie française, la mena ces jours passés à Versailles, pour remercier le roi de l’honneur qu’il a fait à cette illustre compagnie, d’en vouloir prendre la place de protecteur, qu’avait feu M. le chancelier.

124. (1739) Vie de Molière

Il faisait de son bien un usage noble et sage : il recevait chez lui des hommes de la meilleure compagnie, les Chapelle, les Jonsac, les Desbarreaux, etc., qui joignaient la volupté et la philosophie.

125. (1881) Molière et le Misanthrope pp. 1-83

Au contraire, dis-je ; je me serais couché ensuite, satisfait et gaillard, et convaincu d’avoir mis en évidence, autant que possible, la leçon que Molière nous a voulu donner : à savoir que quand on est bâti comme Alceste, on n’a qu’une chose à faire, c’est de s’en aller ; et de s’en aller tout seul, — trop heureux encore s’il ne trouve pas que c’est trop de compagnie !

126. (1884) Tartuffe pp. 2-78

Ce n’est pas le même que celui des Précieuses, ni que celui des Femmes savantes ; il y en a toute une gamme, depuis le hé hé de bonne compagnie qui salue au passage les fines railleries du Sicilien, jusqu’au hou hou à ventre déboutonné que soulève le Médecin malgré lui s’enquérant si la matière est louable.

127. (1765) Molière dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (compilation) pp. 2668-16723

Les confreres de la passion qui avoient seuls le privilége, cesserent de monter eux-mêmes sur le théatre ; ils trouverent que les pieces profanes ne convenoient plus au titre religieux qui caractérisoit leur compagnie.

128. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

La langue qu’il parle est si retenue en ses plus vifs emportements, elle a quelque chose de si réservé, même quand elle ose le plus, elle est si bien le langage de la meilleure compagnie, même quand elle passe par la bouche de Frontin ou de Lisette, qu’il est impossible, aux femmes les plus sévères, de ne pas écouter, malgré elles, et même assez volontiers, ces beaux discours fleuris, à rencontre des choses du cœur, ces folles dissertations d’amour, cette éloquence enivrante qui appartient beaucoup plus aux sens et à l’esprit qu’elle ne vient de l’âme.

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