Mais le peuple, le vrai peuple, où l’a-t-il observé ? […] A dater de 1818, plusieurs souscriptions furent, il est vrai, successivement proposées, mais toutes se perdirent dans les embarras du temps. […] L’amour vrai de son art et de l’humanité ! […] Si tant de vérité dans vos œuvres respire, C’est que par votre voix la nature a parlé : Vos héros ont l’amour dont vous avez brûlé, Vos haines sont en eux, comme vos sympathies ; Toutes les passions que vous avez senties, Tous les secrets instincts par vos cœurs observés, En types immortels vous les avez gravés ; L’art ne fut pas pour vous cette stérile étude Qui peuple d’un rhéteur la froide solitude ; L’art, vous l’avez trouvé, lorsque pauvres, errants, Vous viviez au hasard mêlés à tous les rangs ; Personnages actifs des scènes toujours vraies, Qui passaient sous vos yeux ou tragiques ou gaies ; L’art a jailli pour vous, nouveau, libre, animé, De tous les sentiments dont l’homme est consumé ; Vous avez découvert sa science profonde Non dans les livres morts, mais au livre du monde. […] Déjà le marbre est prêt ; vis-à-vis la demeure Témoin de ses travaux et de sa dernière heure, Du haut du monument il pourra voir encor Ce théâtre où sa gloire en naissant prit l’essor ; Là, chaque âge est venu, de ce rare génie, Applaudir le bon sens, l’audace et l’ironie ; Ce style inimitable et ce vrai goût du beau, Cette ferme raison qui, radieux flambeau, Dans les replis du cœur projette sa lumière, Enfin cet art divin qu’atteignit seul Molière.
Ce que je dis là est si flatteur, qu’il paroît incroyable ; la chose n’est pas moins vraie : voici comment. […] Elles peuvent servir aux amateurs de la vraie comédie, aux comédiens, & sur-tout aux jeunes gens qui, brûlant de se signaler un jour sur la scene, s’exercent encore dans l’ombre de leur cabinet. Elles peuvent premiérement servir aux amateurs de la vraie comédie, parceque de l’esprit & le plus grand usage du théâtre ne suffisent pas pour juger des beautés ou des défauts d’une comédie.