/ 305
181. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

Adolphe Monod, a écrit un beau sermon sur ce texte : «Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. » Dans la première partie de ce discours, il met en regard les désirs insatiables de nos cœurs et les amères déceptions que la vie nous réserve toujours. […] De temps à autre elles se réveillaient et venaient le troubler jusqu’au milieu de ses triomphes. […] Après Britannicus, Bérénice, qui sont des demi-confidences, vint la période qui nous a valu Mithridate, Bajazet et Iphigénie. […] Fruits de l’automne, de la chasse, du commerce, rien ne m’appartient plus; mais si tu veux vivre avec moi dans mon ciel, il te sera ouvert toutes les fois que tu viendras. » Tel a donc été le lot du poète. […] Mais ici se pose une question : celle de savoir si, en entrant dans la lice, Molière faisait œuvre de religion ou de frivolité ; s’il venait au secours de Pascal, ou s’il ne prenait en main que la cause des plaisirs de la cour, menacés par une feinte sévérité.

182. (1873) Le théâtre-femme : causerie à propos de L’École des femmes (Théâtre de la Gaîté, 26 janvier 1873) pp. 1-38

En 1661, au château de Vaux, Molière venait de donner les Fâcheux, lorsque, entre un impromptu et une pièce de circonstance, l’idée lui vint d’écrire l’Ecole des Femmes. […] Mais figurez-vous ce titre si plein de promesses, ayant échappé à Molière par hasard et tombant tout vierge entre les mains d’un de nos auteurs dramatiques actuels : je ne parle pas, bien entendu, du premier venu, mais d’un fort, d’un très fort, du plus fort, si vous voulez, de celui qui soutient le plus terriblement les thèses les plus formidables... […] non, Alors, on peut bien le penser : Molière, le géant Molière, prisonnier de la nécessité, réduit à la portion congrue, en viendrait peut-être lui aussi, tout doucement, à tirer notre paradoxe par la queue, à choisir une Thèse plus ou moins scabreuse, à lui attacher une ficelle autour du cou, et à la mener paître comme tout le monde dans la prairie dramatique où l’on engraisse les Thèses.     […] De temps en temps, le baiser du génie vient toucher à la lèvre ce cadavre divin. […] Mesdames et Messieurs, est-ce que par hasard nous en viendrions, nous aussi, en France, à caresser la chose en proscrivant le mot ?

/ 305