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60. (1843) Le monument de Molière précédé de l’Histoire du monument élevé à Molière par M. Aimé Martin pp. 5-33

Cette muse charmante, il faut le dire, n’a chanté ni le monument, ni la statue, comme semblait le demander le programme, elle a fait mieux, elle a chanté Molière ; elle a dit en vers harmonieux dans un rythme varié et puissant les illusions, les souffrances, les talents de ce rare génie ; la passion cruelle qui fit le tourment de sa vie, et le charme de ses beaux ouvrages ; en un mot, elle a compris le poète, elle a peint sou âme, elle nous a donné l’homme tout entier. […] Pourtant, toujours en proie à ce conflit brûlant Qui consumait sa vie et doublait son talent, Il n’était pas heureux ; car la gloire et la haine Sont un double fardeau qui pèse à l’âme humaine ! […] Mais tandis qu’au dehors ces cris retentissaient, Près du corps de Molière en larmes se pressaient Ses amis accourus, sa troupe désolée Par qui sa noble vie est alors rappelée, Qui redit ses bienfaits et pleure, en révélant La bonté de son cœur égale à son talent ; Quelques vieux serviteurs, et les pauvres encore Qui recevaient de lui des secours qu’on ignore. […] Ne serait-il pas possible de combiner le projet dont l’exécution est confiée au talent de M.

61. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Il ajoute que les beautez des portraits qu’il fait sont si naturelles qu’elles se font sentir aux personnes les plus grossières, et que le talent qu’il avoit à plaisanter s’étoit renforcé de la moitié par celui qu’il avoit de contrefaire15. […] Il avoit de plus un talent singulier pour faire des vers d’un tour aisé et naturel, témoin son Voyage 32 avec Bachaumont, et ceux-ci qu’il fit sur le champ : Tout bon habitant du Marais Fait des vers qui ne coûtent guère ; Pour moi, c’est ainsi que j’en fais, Et, si Je les voulois mieux faire, Je les ferois bien plus mauvais. […] Moliere y joua le rôle du héros de la piece, et l’on trouva qu’il n’avoit point de talent pour le sérieux, comme comédien ; la comédie fut très-mal reçue143, ne se releva point de sa chute, et ne fut imprimée qu’après la mort de l’auteur144. […] Elle refusa d’entrer à l’Hôtel de Bourgogne, parce qu’on ne vouloit donner qu’une demi-part à son mari, qui avoitun talent singulier pour jouer tous les déguisemens en femme. […] Il étoit de la Troupe Royale de l’Hôtel de Bourgogne ; le talent de la parole, qu’il possédoit au souverain degré, le fit succeder à Bellerose216 dans l’emploi de harangueur.

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