La porte du théâtre fut même fermée, et ne se rouvrit que le 25 du mois suivant, cinquante jours après106. […] Mais, si des griefs personnels ont pu animer ses censures, il n’en faut pas conclure qu’il ait voulu frayer la voie aux exterminateurs du siècle suivant. […] On croit le mal détruit, et il ne fait que se transformer, ou, suivant l’expression médicale, se répercuter. […] Suivant lui, le duc d’Enghien parle du quatrième acte, le plus dangereux de tous, parce que Molière, sur le conseil du Prince, avait dû le retoucher, pour le mettre au point des réserves commandées. […] On pourra comparer les scènes suivantes : Avare, I, 3 ; Aululaire, I, 1.
A l’acte I, sc. 4, le prétexte plus dramatique invoqué par Mascarille pour parler à Célie ; à l’acte I, sc. 5 et suivantes, l’épisode de Mascarille volant sa bourse à Anselme : encore paraît-il avoir été suggéré par un passage de l’Emilia, où Polidoro — aussi bien qu’Anselme — annonce qu’il vient de recevoir de l’argent ; à l’acte III, sc. 1 à 4, Mascarille calomniant Célie pour en dégoûter Léandre ; à l’acte III, sc. 5 à 9, le déguisement de Mascarille et de Léandre en masques au lieu du déguisement en serruriers que contenait l’Inavvertito : Barbieri ne nous montrait pas non plus Cintio (Léandre) arrosé par Trufaldin d’une « cassolette » aux fâcheux parfums ; à l’acte IV, sc. 1 et 2, Lélie transformé, pour pénétrer chez Trufaldin, en Arménien qui a vu le fils de ce dernier en Turquie ; à l’acte IV, sc. 6, Mascarille rossant Lélie, et pour se venger enfin de son maître et pour inspirer confiance à Trufaldin ; à l’acte V, sc. 9, la reconnaissance romanesque que Molière a substituée à une autre reconnaissance et aux piquantes scènes qui la suivaient dans l’Inavvertito.