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72. (1819) Introduction aux œuvres de Molière pp. -

L’intrigue de l’École des Femmes est la plus singulière dont le théâtre ait souvenir. […] Ces expressions qui font allusion à des faits, et quelquefois suscitent tout un ordre d’idées, plaisent aux personnes instruites dont elles sollicitent les souvenirs, et aux personnes réfléchies dont elles exercent l’esprit. Mais il est d’autres lecteurs qui savent moins, ou qui ne se souviennent pas aussi bien ; il en est d’autres encore qui n’admettent volontiers un fait que quand on leur en allègue la preuve, une citation que quand on leur en indique la source. […] Bellocq, que ce trait recommande à la postérité plus que tous ses vers, dont elle se souvient peu, se conduisit en homme d’esprit et en fin courtisan : il rendit hommage au génie, et il fit sa cour au maître en vengeant un serviteur qu’il aimait. […] Segrais raconte qu’on jour le prince, dans un accès de colère causé par ce souvenir, eut la brutalité de frapper Sarrasin à la tempe avec des pincettes.

73. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Il s’agirait d’un saint, que la dévotion, inspirée par une telle idée et parlant ce langage, passerait pour niaise ; mais on s’étonne, puisqu’il s’agit de Molière, que le souvenir de Thomas Diafoirus et de ses « qualités pour le mariage et la propagation » n’ait pas arrêté la plume qui se complaisait en ces phrases étranges. […] Ce Molière est à la fois si général et si présent au souvenir de tous, qu’il provoque des attributions très fantaisistes. […] Lorsque la fièvre de la bataille fut tombée, Molière n’eut pas de peine à lui persuader que cette attaque ne visait pas l’auteur du Cid et, par ses bons procédés, il effaça jusqu’au souvenir de la blessure. […] Avec quelques autres passages de ses œuvres, elles expliquent le reproche que lui adressaient quelques délicats d’être un peu « grimacier. » Le souvenir de ses plus grands succès se rattache, du reste, à ses rôles bouffons, très en dehors ; il faut lire, dans Élomire hypocondre, la description de la manière dont il jouait le héros de Sganarelle et Mascarille de l’Étourdi.

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