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151. (1802) Études sur Molière pp. -355

Aussi, à quatorze ans, ne savait-il que lire et écrire ; mais son grand-père maternel le mène au spectacle : dès ce moment, le destin de la comédie semble s’unir à celui de Pocquelin ; la comédie et Pocquelin sortent en même temps de l’enfance. […] Tel est le sort de tout ce qui n’est pas senti. […] l’ouf bien motivé d’un personnage qui, comme le marque une note de l’auteur, sort tout transporté et ne pouvant parler . […] Dénouement encore plus défectueux, car le spectateur s’intéresse très peu au sort des personnages les moins utiles à l’action, toute faible qu’elle est. […] L’inimitable mademoiselle Dangeville, remplie de grâces, d’esprit et de naturel, en débitait les tirades de manière à faire oublier qu’à force de justesse, de raison, de philosophie, elles sortent un peu du genre des soubrettes.

152. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Imaginerait-on que de tels éléments pussent constituer une comédie d’intrigue et de mœurs, en cinq actes, où l’intérêt allât toujours croissant ; où tout fût animé, sans qu’il y eût, pour ainsi dire, de mouvement ; où, enfin, l’exécution la plus riche et la plus variée sortît du fond le plus stérile et le plus uniforme en apparence ? […] Il en sortit à la clôture de 1664, pour se réunir à la troupe de l’hôtel de Bourgogne. […] La bouffonnerie entrait dans le plan de Molière, qui voulait amuser une jeune cour dans cette saison de l’année où le plaisir ressemble à la folie ; et ce n’est sûrement pas de la bouffonnerie sans agrément, que la scène où Sganarelle fait sortir, à coups de bâton, Marphurius de son scepticisme obstiné, le force à reconnaître une certitude, celle de la douleur, et, changeant avec lui de rôle, lui conseille à son tour de substituer le langage du doute à celui de l’affirmation : cette revanche si comique n’appartient pas à Rabelais, et Molière ici, comme à son ordinaire, s’approprie ce qu’il emprunte, en le perfectionnant. […] Le comte du Broussin, pour faire sa cour au commandeur de Souvré qui n’approuvait pas L’École des femmes, sortit un jour au second acte, en disant tout haut qu’il ne savait pas comment on avait la patience d’écouter une pièce on l’on violait ainsi les règles. C’est à cette aventure que Boileau fait allusion dans ces vers de son Épître à Racine : Le commandeur voulait la scène plus exacte ; Le vicomte indigné sortait au second acte.

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