Elle porta dignement le deuil de son mari, elle assura le respect de sa mémoire, elle contribua grandement à empêcher la ruine du théâtre qu’il avait fondé, et lorsque enfin elle put songer à elle-même, elle sut, quoiqu’on en ait dit, concilier ce qu’elle devait au grand nom qu’elle avait partagé avec son droit d’arranger son existence à sa guise. […] Sauf pour quelques-uns, comme Boileau, qui mesuraient toute l’étendue de cette perte, ce n’était qu’un très amusant comédien, qu’un excellent auteur, dont on regrettait la mort prématurée, mais dont on ne songeait nullement à faire l’apothéose. Quant à sa veuve, elle ne songeait pas davantage à faire d’elle-même une relique.
toutefois je songe à ma maîtresse. […] Les mauvais écrivains ne manquent jamais de se réunir contre le talent, sans songer que cette réunion même prouve sa supériorité. […] Il veut que des personnages de comédie soient tous des héros, parce que ce sont des gens de cour; il veut qu’ils ne puissent pas être ridicules, parce que ce sont des gentilshommes ; il veut que chacun d’eux prenne Molière à partie, et il ne songe pas que des peintures générales ne peuvent jamais offenser personne. […] Plaute est peut-être excusable de n’y avoir pas même songé, sur un théâtre beaucoup plus libre que le nôtre, mais il faut savoir gré à Molière d’en être venu à bout, par une combinaison dont personne ne lui avait fourni l’idée, et que personne, ce me semble, n’avait encore observée.