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158. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

« Le premier César avait recueilli avec soin ce qui s’était dit et se disait chaque jour de plus remarquable dans Rome.

159. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

Que votre diction soit pure, et cherchez avec soin, par de très belles paroles, les pensées nobles, vives, solides et remplies d’un beau sens !  […] Ils se débattent contre une force dont ils ne se rendent pas compte ; ils se refusent à un plaisir qui leur devient volontiers une fatigue ; ils sont honteux, au fond de l’âme, de se savoir si peu dignes de tant de soins et d’être servis, mieux qu’ils ne méritent, par ces plumes vaillantes, animées à bien faire, ennemies des barbarismes, jalouses de la forme, en pleine abondance, en pleine énergie, actives à ce point que du jour au lendemain elles ont abordé les questions les plus ardues ; correctes à ce point qu’il serait difficile de rencontrer, dans ce va-et-vient universel de la langue pratique, officielle, intelligente, une faute aux règles les plus difficiles de la grammaire la plus sévère ! […] Soyez brillant avec les esprits brillants ; soyez sobre avec les esprits bornés ; ayez soin de vêtir convenablement la vérité un peu nue ; aimez à dégager la beauté des voiles qui la gênent. — Un grand esprit a le défaut suprême de ne voir que l’ensemble et de négliger les détails ; un petit esprit a cette grande qualité d’embrasser une quantité d’objets curieux, utiles, bons à étudier, bons à savoir ; l’esprit enjoué, grâce à sa bonne humeur, fait passer bien des choses d’une rude et cruelle digestion. […] Seulement, Hamlet a peur de ce grand peut-être qu’il affronte ; Don Juan, au contraire, se rassure derrière le faible abri de sa raison à laquelle il a bien soin de ne pas adresser de question impertinente. — Voilà la question ! […] Notez bien que chacun de ces cinq actes de Molière, si vous le prenez à part, est un chef-d’œuvre, écrit avec tant de soin, ou, ce qui revient au même, avec tant de bonheur, que l’on dirait de temps à autre la langue même des Provinciales, cette langue correcte, incisive, railleuse, qui parle comme parle la comédie, quand la comédie le prend sur le ton le plus élevé27.

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