Quant au personnage principal il est peint, selon le procédé constant, ou plutôt selon le principe constant de Molière, à la fois odieux et ridicule, le ridicule l’emportant toujours et le soin étant pris qu’il y ait une progression constante du ridicule. […] C’est précisément pour cela que son frère, en bon dialecticien, combattant sa passion par sa passion même, lui représente qu’en se droguant comme il fait, il risque d’abréger ses jours : Une grande marque que vous vous portez bien et que vous avez un corps parfaitement bien composé, c’est qu’avec tous les soins que vous avez pris, vous n’avez pu parvenir encore à gâter la bonté de votre tempérament et que vous n’êtes point crevé de toutes les médecines qu’on vous a fait prendre […] Si vous n’y prenez garde, Monsieur Purgon prendra tant de soin de vous, qu’il vous enverra en l’autre monde . […] Molière a bien eu soin de faire Don Juan méchant de toutes les façons. […] Il regarde la femme qu’il désire, il a des attentions pour elle, il lui rend des soins ; il lui montre qu’il l’aime ; il ne le lui dit jamais. […] Et d’autre part et surtout, au théâtre la déclaration est nécessaire, parce que l’on n’y a pas assez de temps pour montrer ces attentions, ces égards, ces petits soins qui, dans la réalité, remplacent la déclaration, sont la déclaration elle-même.
Enfin, par l’incorrigibilité des insensés qu’il a mis en scène, incorrigibilité qu’il a soin de faire ressortir sans cesse, il confirme la maxime suivante de La Rochefoucauld: « S’il y a des moyens pour guérir la folie (pathologique), il n’en existe pas pour redresser les esprits de travers ». […] Aussi Molière a-t-il le soin de montrer le peu de succès qu’Alceste obtient avec de tels procédés. […] Ils laissent à la sagacité de leurs auditeurs le soin de le découvrir. […] Si le vôtre est né propre aux élévations où montent des savants les spéculations, le mien, ma sœur, est né pour aller terre à terre, et dans les petits soins son faible se resserre. […] Dans la disposition d’esprit où Chrysale se trouve quand il les prononce, c’est-à-dire lors, qu’il est exaspéré par les ridicules prétentions à la science et au bel esprit, de sa femme, de sa sœur et de sa fille aînée, qui négligent les soins du ménage, il devait parler comme un passionné, il devait alors, comme tout homme en colère, outrepasser la vérité dans ses récriminations, dire même des sottises, car la colère est un court instant de folie : ira furor brevis est, ainsi que le dit Horace.