Il a voulu la former tout exprès pour lui ; il ne lui souffre aucun goût auquel il aurait à sacrifier les siens ; il lui a interdit les bals, les rubans, et jusqu’à la société de Léonor, sa sœur. […] Il veut aller lui-même chasser l’infâme ; mais Isabelle lui persuade qu’il est plus séant qu’elle renvoie sa sœur, et qu’il se tienne caché, pour ne pas ajouter à la confusion de la pauvre fille. Elle entre dans sa chambre, simule des reproches à sa sœur, dont Sganarelle s’applaudit tout bas comme d’un fruit de son plan d’éducation, et la prétendue Léonor sort pour aller au logis de Valère.
Au surplus Armande n’était point la fille, mais la sœur de Madeleine. […] Et l’auteur reprend, après Molière, restitue le vrai langage des Précieuses et nous parle de « l’agrément donné entre les deux sœurs (le lavement) ; et de la volupté de l’amour permis (le mariage) ». […] Les femmes de Molière n’ont pas le charme en quelque sorte surnaturel, la diaphanéité, les ailes des héroïnes de Shakespeare, mais ce sont vraiment des femmes, vivantes, aimantes, mères, sœurs et filles. […] Beffara a prouvé, par la publication de l’acte authentique du mariage de Molière, qu’Armande était la sœur et non la fille de Madeleine Béjart. […] Armande, fille ou sœur de Madeleine, dut agir de même.