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41. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE III. L’Honnête Homme. » pp. 42-64

Il a raison de refuser l’amitié banale d’Oronte ; il a raison de trouver détestable le méchant goût du siècle en littérature ; mais il a tort d’aller dire au nez d’un auteur que ses vers sont bons à mettre au cabinet, Et qu’un homme est pendable après les avoir faits138. […] Encore en est-il bien dans le siècle où nous sommes... […] C’est une vertu rare au siècle d’aujourd’hui, Et je la voudrois voir partout comme chez lui151. […] Les lettres ont leur responsabilité : elles peuvent et doivent avoir l’influence excellente de former les esprits au bon sens en ne leur offrant que des œuvres de bon sens ; et les auteurs du temps de Périclès, comme ceux du siècle de Louis XIV, contribuèrent certainement de cette façon à la grandeur de leur patrie.

42. (1871) Molière

On étudiait assez vite aux premiers jours du grand siècle ; quatre ou cinq ans suffisaient à ces études qui, pour ainsi dire, étaient dans l’air, et sitôt que le jeune Poquelin fut en état de lire Aristophane, et Térence, et Plaute, et les maîtres, il rêva que lui aussi il était né pour être un instituteur de nations. […] Admirons, cependant, ce jeune comédien, ébloui des premières clartés du grand siècle, qui s’en va traîné dans le tombereau de Thespis, à la suite de la comédie. […] En même temps, le surintendant, pour recevoir dignement le roi de France, appelait à son aide, en cette maison des féeries, les peintres, les poètes, les comédiens, les musiciens, tous les artistes du grand siècle à peine commencé. […] On entend déjà l’ironie et le sarcasme incarnés dans ce dernier gentilhomme du dix-septième siècle, et le premier sceptique du siècle suivant. […] Nous lisions, l’autre jour, dans les jugements du savant Baillet,le Cocu imaginaire, annoncé ainsi : le C… imaginaire ; tant le nuit semblait nouveau dans les premiers jours de ce siècle éclairé de si douces clartés.

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