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134. (1901) Molière moraliste pp. 3-32

Ce comédien intrépide, dont la vie fit un penseur, eut sur les gens de lettres et sur les intellectuels de son temps une influence moins aisée à déterminer que celle de Descartes ; mais cette influence dut être considérable sur l’ensemble du public, pour qu’elle liguât contre lui des catholiques convaincus, d’esprit aussi différent que le prince de Conti, la duchesse de Longueville, le docteur janséniste Arnauld et le jésuite Bourdaloue, et lui valût d’autre part cette précieuse protection du roi Louis XIV, qui, selon l’expression de Comte, « ne résulta pas seulement des goûts personnels d’un dictateur alors progressif, mais aussi de la tendance d’une telle critique à seconder rabaissement de l’aristocratie et même du clergé ». […] Ils haïssent seulement : La science et l’esprit qui gâtent les personnes, qui dessèchent le cœur d’Armande, lui font mépriser le mariage, prendre en horreur non pas absolument l’époux, mais les enfants et le ménage ; qui mettent un mauvais orgueil au cœur de Philaminte, l’entraînent à malmener son bon homme de mari, achèvent de rendre folle la pauvre Bélise comme ils ont rendu Cathos et Madelon ingrates et ridicules. […] De ces secrets, Madame, on saura vous instruire : Vous n’avez seulement qu’à vous laisser conduire.

135. (1746) Notices des pièces de Molière (1658-1660) [Histoire du théâtre français, tome VIII] pp. -397

Ensuite il voulut faire une pièce en cinq actes, et les Italiens ne lui plaisant pas seulement dans leur jeu, mais encore dans leurs comédies, il en fit une qu’il tira de plusieurs des leurs, à laquelle il donna pour titre : L’Étourdi, ou les Contretemps. […] « … Il met sur le théâtre une satire qui, quoique sous des images grotesques, ne laisse pas de blesser tous ceux qu’il a voulu accuser : il fait plus ; de critique, il s’érige en juge, et condamne à la berne les singes, sans voir qu’il prononce un arrêt contre lui, en le prononçant contre eux, puisqu’il est certain qu’il est singe en tout ce qu’il fait, et que non seulement il a copié les Précieuses de M. l’abbé de Pure, jouées par les Italiens, mais encore qu’il a imité, par une singerie dont il est seul capable, Le Médecin volant, et plusieurs autres pièces des mêmes Italiens, qu’il n’imite pas seulement en ce qu’ils ont joué sur leur théâtre, mais encore en leurs postures, contrefaisant sans cesse sur le sien et Trivelin et Scaramouche ; mais qu’attendre d’un homme qui tire toute sa gloire des Mémoires de Guillot-Gorju, qu’il a acheté de sa veuve, et dont il adopte tous les ouvrages. » La comédie qui suit cet avertissement renferme des choses qu’on ne sera pas fâché de trouver ici, et de plus il y est encore parlé de Molière et de sa comédie des Précieuses. […] « [*]Les connaisseurs ont dit que L’Étourdi devrait seulement être intitulée Les Contretemps.

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