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17. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE II. Regnard imitateur de Moliere. » pp. 51-80

  Quoi qu’il en soit, parlons sans feindre ;  A vous servir je serai diligent. […] Dans la Princesse d’Elide de Moliere, Moron promet au Prince Euriale de servir l’amour qu’il ressent pour la Princesse, & lui dit dans la seconde scene du premier acte : Laissez-moi doucement conduire cette trame. […] Cependant on reconnoîtra toujours dans le portrait qu’Acaste fait de lui-même, l’élégante fatuité des petits-maîtres de cour ; ce tableau, copié d’après la nature même, pourra servir à les corriger : au lieu qu’on ne verra jamais dans le délire du Marquis sauteur, qu’une extravagance sans modele, & qui par conséquent n’est bonne à rien. […] Celle de Regnard est plaisante, mais celle de Moliere l’est autant : elle a de plus le mérite, comme nous l’avons déja dit, de servir à la piece, puisque les coups de bâton que Maître Jacques reçoit de l’Intendant amenent une infinité de choses, au lieu que la scene de Regnard ne sert qu’à peindre un mêlange confus de poltronnerie, d’extravagance & d’invraisemblance. […] Nous dirons donc en passant seulement que dans Moliere la fausse nouvelle est apportée par un homme qui tient à l’action, & dans Regnard par un personnage de nulle consistance ; que chez Moliere elle sert à faire ressortir les principaux personnages, & chez Regnard à les mettre en contradiction avec eux-mêmes.

18. (1819) Notices des œuvres de Molière (III) : L’École des femmes ; La Critique de l’École des femmes ; L’Impromptu de Versailles ; Le Mariage forcé pp. 164-421

Quelle était cette personne de qualité, connue par son esprit et amie de Molière, qui voulut ainsi lui servir de second dans sa querelle contre les détracteurs de L’École des femmes ? […] Tous les censeurs ridicules dont Molière s’était moqué dans La Critique, ne se servaient pas de la plume ; tous aussi ne se vengèrent pas par des écrits. […] Sur ces entrefaites, un laquais vient dire qu’on a servi ; on se lève, et l’on va se mettre à table : c’est là toute la pièce considérée sous le rapport dramatique. […] Quelques traits détachés du rôle de Climène et du portrait d’Araminte ont servi à composer les personnages de la prude Arsinoé et de la pédante Philaminte. […] Panurge, consultant tout le monde pour savoir s’il doit se marier et s’il sera cocu (ce sont les propres termes dont se sert Rabelais, et que Molière répète), Panurge est l’original de Sganarelle.

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