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120. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Cette espèce de ridicule ne se trouve point dans les princes ou dans les hommes élevés à la cour, qui couvrent toutes leurs sottises du même air et du même langage ; mais ce ridicule se montre tout entier dans un bourgeois élevé grossièrement, et dont le naturel fait à tout moment un contraste avec l’art dont il veut se parer. » Pour sentir quels durent être à la fois l’effet comique et l’effet moral de la pièce, il faut se reporter au règne de Louis XIV, et considérer quel était, à cette époque, l’état de l’opinion, relativement à la noblesse. […] Tirée presque entièrement du Phormion, la pièce se sent de son origine : elle peint des personnes et des mœurs plus anciennes que modernes. […] Du reste, Molière a senti qu’une pièce moderne, fondée sur des aventures et des mœurs particulières à l’antiquité, manquerait trop de vraisemblance, si le lieu de la scène, du moins, ne se prêtait à cette espèce d’anachronisme.

121. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XI. » pp. 218-250

Moliere l’a si bien senti, qu’il n’a osé mettre qu’en récit, ou dans l’avant-scene, une infinité de choses que les Espagnols & les Italiens mettent hardiment sous les yeux du spectateur, qui sont réellement faites pour lui plaire, & qui nous paroîtroient encore plus monstrueuses que le reste de la piece. […] Il a senti que le sujet del Combidado de piedra ne pouvoit pas absolument être dénué de merveilleux : il a senti en même temps qu’il seroit possible d’en retrancher une partie pour dégager & laisser ressortir les traits fins, délicats, les scenes vraiment comiques, que Moliere avoit fondus dans son ouvrage, & qui sont écrasés par les choses surnaturelles.

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