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99. (1746) Notices des pièces de Molière (1661-1665) [Histoire du théâtre français, tome IX] pp. -369

« Je me sens obligé, dit-il, de désabuser le public de deux erreurs qui s’y sont glissées touchant cette tragédie, et qui semblent avoir été autorisées par mon silence. […] À moins que d’être tout à fait stupide, on ne pouvait pas ignorer que comme les questions de cette nature ne concernant ni la religion, ni l’État, on en peut décider par les règles de la prudence humaine, aussi bien que par celles du théâtre ; et tourner sans scrupule le sens du bon homme Aristote du côté de la politique. […]       Aujourd’hui, mes soins, mes travaux, N’iront qu’à discourir de Vaux, ………………………………… Mercredi* dernier étant donc, En ce lieu beau, s’il en fut onc, Le roi, l’illustre reine mère, Monseigneur d’Orléans son frère, Et Madame pareillement, Y vinrent par ébattement, Suivis d’une cour si brillante, Ou (pour mieux dire) si galante, Que Phébus, au chef radieux, Phébus le plus charmant des dieux, Avec ses clartés immortelles, N’en éclaira jamais de telles ; Là cent objets miraculeux, De grands princes, des cordons, Tous gens choisis, et d’importance, Bref, la fleur de toute la France, Arrivèrent en bel arroi, Avec notre cher et grand roi, Que ce fameux et beau génie, De sagesse presque infinie, Monsieur Fouquet, surintendant, En bon sens toujours abondant, Ainsi qu’en toute politesse, Reçut avec grande allégresse, Et son aimable épouse aussi, Dame, où l’on ne trouve aucun si, Que le Ciel bénisse et conserve, Et qui comme une autre Minerve, A des vertus et des appas, Que bien des déesses n’ont pas ; Le monarque ensuite et le reste, De sa cour ravissante et leste, Ayant traversé la maison, De tous biens garnie à foison, Pour y faire chère plénière, Adressa sa marche première, Dans l’incomparable jardin, Où l’on ne voit rien de gredin, Mais dont les très larges allées, Dignes d’être des dieux foulées, Les marbres extrêmement beaux, Les fontaines, et les canaux, Les parterres, les balustrades, Les rigoles, jets d’eau, cascades, Au nombre de plus d’onze cent, Charment et ravissent les sens. […] Le renommé Monsieur Le Brun, Qui des rares du temps est l’un, Et qui dans l’art de la peinture, Imitant de près la nature, S’élève au-dessus des humains, A, dit-on, bien prêté les mains, Ou plutôt son sens, et sa tête, Aux appareils de cette fête ; Ou l’ingénieux Hesselin*, Aux somptuosités enclin, Pour à ce grand Fouquet complaire, Se rendit aussi nécessaire. […] Quant à moi, ce que j’en puis dire, C’est que pour extrêmement rire, Faut voir avec attention, Cette représentation, Qui peut dans son genre comique, Charmer le plus mélancolique, Surtout par les simplicités, Ou plaisantes naïvetés, D’Agnès, d’Alain ; et de Georgette, Maîtresse, valet et soubrette ; Voilà, dès le commencement, Quel fut mon propre sentiment, Sans être pourtant adversaire, De ceux qui sont d’avis contraire, Soit gens d’esprit, soit innocents, Car chacun abonde en son sens.

100. (1686) MDXX. M. de Molière (Jugements des savants) « M. DXX. M. DE MOLIÈRE » pp. 110-125

Rapin nous fait connaître qu’il est aussi dans le même sentiment, et il est allé même encore plus loin que ces deux critiques, lorsqu’il dit, qu’à son sens c’est le plus achevé et le plus singulier de tous les Ouvrages comiques qui aient jamais paru sur le théâtre9.

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