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268. (1794) Mes idées sur nos auteurs comiques. Molière [posthume] pp. 135-160

Ce n’est point une comédie, mais une satire peu piquante, à présent que personne ne sait les noms des détracteurs de Molière. […] La cinquième du premier acte, où Sbrigani prend le parti de Pourceaugnac ; la suivante, ou Éraste lui persuade qu’il connaît Limoges et toute sa famille ; la onzième, où Pourceaugnac est entre les deux médecins et ne sait ce qu’ils lui veulent : voilà, ce me semble, les seules beautés de cette pièce. […] La première scène du premier acte, où Armande et Henriette exposent leurs différents caractères ; la deuxième, où Clitandre avoue à Armande qu’il ne l’aime plus ; la quatrième, où Bélise veut toujours voir une déclaration d’amour dans tout ce que lui dit Clitandre ; au deuxième acte, les scènes cinquième et sixième, où Martine est chassée, parce qu’elle a manqué à la grammaire ; la septième, où Chrisale se plaint aux femmes savantes et leur parle raison ; au troisième acte, les scènes 1, 2, 3, 4, 5, où Trissotin lit ses vers, où il se prend de querelle avec Vadius ; au cinquième acte, la scène première, où Henriette témoigne à Trissotin sa répugnance, et où celui-ci persiste ; la scène troisième, où le notaire ne sait auquel entendre, le père disant que le gendre est Clitandre, la mère disant que c’est Trissotin, Martine philosophant mieux que personne : voilà les scènes de cet ouvrage admirable qui doivent servir de modèles.

269. (1730) Poquelin (Dictionnaire historique, 4e éd.) [graphies originales] pp. 787-790

Je ne sai si les Italiens trouvent à leur goût les Comédies de Moliere traduites en leur langue par un homme de leur Nation transplanté en Allemagnek. […] Perrault, & l’on ne sait quand elle viendra. […] C’étoit un défaut que peut-être nous ne savons pas ; c’étoit le ridicule ou de quelques faits particuliers, ou de quelque goût passager & commun en ce tems-là, mais qui nous est inconnu lors même que nous pouvons consulter les originaux. […] Moliere n’est pas sujet à ce contre-tems : nous savons à qui il en veut, & nous sentons facilement s’il peint bien le ridicule de notre Siecle : rien ne nous échape de tout ce qui lui réussit.

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