/ 114
9. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Mais Molière a une excuse que n’ont pas les écrivains qui, de même que lui, ont poussé trop loin la satire de la médecine. […] Il faut ajouter à cette considération, que, du temps de Molière plus qu’à aucune autre époque, les médecins prêtaient à la satire. […] Ainsi ces deux personnages se partagent entre eux la satire de tout ce qui existe, et nul ne peut échapper aux coups portés par l’un ou par l’autre. […] L’intrigue, sans doute, n’est ni forte, ni vive, ni très attachante par elle-même ; mais cette sobriété de moyens dramatiques, cette simplicité et cette lenteur dans la marche de l’ouvrage étaient autant de conditions nécessaires : une contexture d’incidents plus serrée et un mouvement de scène plus rapide n’auraient laissé ni espace ni temps pour ces larges développements de satire morale qui sont le véritable sujet de la pièce. […] La satire, à la vérité, n’est point directe ; Sganarelle n’est pas de la Faculté ; il ne fait qu’imiter grotesquement les discours et les manières des véritables docteurs : mais il y a, dans cette caricature, une sorte de ressemblance grossière qui fait que le ridicule résultant de l’imitation se partage entre le copiste et ses modèles.

10. (1739) Vie de Molière

Molière y fait plus la satire de ses censeurs, qu’il ne défend les endroits faibles de l’École des femmes. […] C’est une satire cruelle et outrée, Boursault y est nommé par son nom. […] Il eût été de la bienséance et de l’honnêteté publique, de supprimer la satire de Boursault et celle de Molière. […] La pièce est d’un bout à l’autre à peu près dans le style des satires de Despréaux, et c’est de toutes les pièces de Molière la plus fortement écrite. […] Molière lui-même avait été joué aussi cruellement sur le théâtre de l’hôtel de Bourgogne, et n’en fut pas moins estimé : le vrai mérite résiste à la satire.

/ 114