Il revient une fois de la campagne, ses laquais en livrée entreprennent de le voler, & y réussissent : ils descendent de son carrosse, ils lui portent un bout de flambeau sous la gorge, lui demandent la bourse, & il la rend. […] Je ne reviens pas de mon étonnement. […] Le cuisinier de la courtisanne va à l’emplette, revient, trouve Menechme Sosicle, le prend pour celui qui lui fait exercer son emploi, l’exhorte à s’aller reposer chez sa maîtresse, en attendant le dîner, & lui vante l’amour de la nymphe. […] Il la trouve jolie, il cede à ses instances ; mais, crainte d’être sa dupe, il remet sa bourse à son fidele esclave, & revient bientôt sur la scene en riant de son bonheur. […] Tout est dans le désordre, tous les acteurs s’accusent mutuellement de folie, quand les jumeaux se rencontrent : l’un croit voir marcher son miroir : ils détaillent leur histoire, se reconnoissent, & la robe revient à la femme.
À l’époque de son mariage, Montausier avait à peine trente-cinq ans ; depuis l’âge de vingt ans, il était au service et engagé dans des guerres successives, en Italie, en Lorraine, en Alsace ; en 1638, parvenu au grade de maréchal de camp, bien qu’âgé seulement de vingt-huit ans, il fut nommé gouverneur de l’Alsace, province alors d’une soumission équivoque, où le roi avait besoin d’un homme qui réunit l’art et le courage du guerrier au tarent et à la sagesse de l’administrateur ; en 1638, il se signala au siège de Brissac ; revenu à Paris pendant l’hiver de 1641, il fut rappelé à l’ouverture de la campagne par Guébriant devenu général en chef de l’armée d’Allemagne et peu après maréchal de France ; le maréchal, qui avait une grande confiance en Montausier, ayant été tué en 1643, celui-ci fut fait prisonnier, peu de temps après, à la déroute de Dillingen ; il ne recouvra la liberté qu’en 1644 ; alors enfin il lui restait encore un obstacle à franchir pour se marier ; c’était sa religion. […] En 1649, il revint quelques mois à Paris, pour des affaires personnelles, mais il retourna bientôt avec sa femme dans l’Angoumois, où il se battit et reçut de graves blessures pour la cause royale ; il ne revint dans la capitale qu’en 1653, après la pacification de la guerre civile.