Dès 1680, l’électeur de Saxe, en résidence à Torgau, se faisait représenter les sept ou huit chefs-d’œuvre du poète français. […] Là furent représentées la plupart des œuvres de Molière, ou traduites, ou refaites. […] C’est Coquelin et Got qui étaient chargés de représenter l’un Mercure et l’autre Sosie. […] On a choisi Thiron pour représenter M. […] C’est la Dorimène de Molière, telle qu’il l’a vue et représentée sur la scène.
J’exposerai dans les deux parties de cette étude : 1º Comment, en admettant qu’on trouve à la base de la morale de Molière ce vieux principe recueilli de l’antiquité et cher à Rabelais et à Montaigne, qu’il faut vivre conformément à la nature, que la nature est bonne, que tout ce qui tend à la corrompre est détestable ; on doit reconnaître que cette idée vague ne sert à l’auteur du Tartuffe que pour atteindre le but négatif de ruiner les préjugés et les superstitions de l’époque ; 2º Comment c’est sur la base de l’opinion publique, représentée par les « honnêtes gens », qu’il ose spontanément édifier sa morale, comme Adam Smith et A. […] Ceux qui se sont efforcés systématiquement de représenter Molière comme le défenseur immoral de l’instinct contre la vertu semblent oublier cette scène touchante de L’École des maris où la jeune fille exprime sa tendresse pour un vieillard. […] Et Molière nous l’a représenté malheureux, un peu ridicule, abandonné de cette femme coquette qu’il a la faiblesse d’aimer encore et s’enfuyant au désert, seul, désespéré.