Mortifiez vos sens avec ce mariage Et ne me rompez pas la tête davantage… Par de tels propos, Molière nous fait sentir qu’il a fallu, pour corrompre la bonne nature d’un père, le zèle de cet incomparable directeur qui « comme du fumier regarde tout le monde ». […] Le premier, celui sur lequel il revient sans cesse, est d’être simples : Monsieur Purgon a beau s’affubler d’une longue robe noire et parler latin, il n’en tue pas moins ses malades ; Monsieur Lysidas invoque Aristote et fait d’exécrables pièces ; le philosophe Pancrace est un âne avec toute son érudition ; Marphurius, qui feint de douter si le monde extérieur existe ou non, a besoin de quelques coups de bâton pour se souvenir qu’il existe des juges ; Trissotin, qui mêle en ses vers les calembours aux soupirs, est insupportable. — Molière dit à Arsinoé qu’elfe s’y prend un peu tard pour devenir prude ; à Dorante, ami de Monsieur Jourdain, qu’en dépit de ses belles manières et de son titre, il est un escroc ; à Don Juan, fils insolent, révolté contre toute idée de devoir individuel ou social, égoïste et méchant, au seigneur qui s’abaisse à user de son prestige pour intimider et congédier un créancier, au séducteur de Dona Elvire, repenti tardivement et s’en remettant hypocritement au ciel du soin de réparer ses fautes : « Apprenez que la vertu est le premier titre de noblesse, que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous » ; Clitandre, amant d’Angélique et plein de mépris pour le roturier Georges Dandin : « Vous avez une étrange façon de mentir et de vous parjurer, pour un gentilhomme !
Quoi qu’il en soit, toutes ces compositions, qui sont en latin et qui appartiennent à l’Allemagne, ne sauraient être regardées comme un commencement de théâtre français. […] Le Sauveur la regarde et lui dit ce seul mot : «Marie !