La vraisemblance est le fondement de toutes les pieces de théâtre ; elle est le caractere général auquel on doit reconnoître un bon & un mauvais Drame. […] ... jeune Mousquetaire que la mort a trop tôt enlevé à ses amis, étoit extrêmement blond ; il lui est arrivé trente fois dans sa vie d’aller au bal, à visage découvert, de parler à ses parents, à son frere, à sa maîtresse même, sans en être reconnu : il ne mettoit, pour tout déguisement, que de la poudre brune dans ses cheveux, & du papier brûlé sur ses sourcils. […] Il est nuit ; Sganarelle peut ne pas reconnoître Isabelle : prévenu par ce qu’elle lui a dit, il peut encore méconnoître sa voix, puisqu’elle la contrefait. […] Pourquoi donc Valere ne l’auroit-il pas reconnue à la voix, à la taille ? […] Peut-il trouver vraisemblable lui-même que Valere ait donné sa foi à une femme, & ait reçu la sienne sans la reconnoître ?
Scapin lui soutient qu’il a bien reconnu le portrait de Celio : Pantalon lui ferme la bouche en lui remettant celui d’Arlequin, & sort en colere. […] Arlequin vient à petit bruit ; il reconnoît son portrait ; il entend toutes les épithetes qu’on lui adresse ; il s’en saisit, & prend le parti de sa copie : il menace Scapin qui lui répond par un soufflet. […] La fille cadette de Pantalon reconnoît le portrait de ce qu’elle aime, l’arrache des mains d’Arlequin, & sort en le couvrant de baisers. […] Il ne sait pas lire, & prie Scapin de lui faire lecture de l’épître ; celui-ci reconnoît l’écriture d’Argentine, & substitue aux déclarations amoureuses, les choses les plus insultantes.