L’origine de cette petite société nous a semblé mériter d’être éclaircie : ce fut là que débutèrent deux des plus parfaits acteurs du théâtre français, Baron et Raisin le cadet ; le premier si admirable dans les premiers rôles tragiques, et ceux du haut comique, et le second, si supérieur dans tous les emplois comiques et à manteau. […] Ce sont des portraits de la nature qui peuvent passer pour originaux ; il semble qu’elle y parle elle-même : ces endroits ne se rencontrent pas seulement dans ce que joue Agnès, mais dans les rôles de tous ceux qui jouent à cette pièce. […] Vous aurez pour tout dire enfin, La Troupe du charmant Dauphin, Dont les acteurs encore en graine, Peuvent guérir de la migraine, Soit dans les rôles sérieux, Soit dedans les facétieux. […] que dedans un rôle tendre, Elle en forcera de se rendre, Et que maints en lorgnant la jeune de Beaulieua, Porteront volontiers leurs cœurs en si beau lieu. […] [Note marginale] On oublie dans cette liste des acteurs, le personnage d’Alcidas, et le nom de celui qui jouait ce rôle.
Une infinité de gens ont dit qu’il expira dans cette partie de la Piece ; & que lorsqu’il fut question d’achever son rôle, en faisant voir que ce n’étoit qu’une feinte, il ne put ni parler, ni se relever, & qu’on le trouva mort effectivement. […] Mais la vérité est que Moliere ne mourut pas de cette façon : il eut le tems, quoique fort malade, d’achever son rôle. […] « Le 17 Fevrier 16731, jour de la quatriéme représentation du Malade Imaginaire, il fut si fort travaillé de sa fluxion qu’il eut de la peine à joüer son rôle : il ne l’acheva qu’en souffrant beaucoup, & le public connut aisément qu’il n’étoit rien moins que ce qu’il avoit voulu joüer : en effet, la Comedie étant faite il se retira promptement chez lui ; & à peine eut-il le tems de se mettre au lit, que la toux continuelle, dont il étoit tourmenté, redoubla sa violence.