Voilà le crime de La Grange ; c’est le crime d’un acteur qui veut occuper son public. […] Le public est rempli d’une infinité de fausses histoires à son occasion. […] Ils n’avaient point encore Baron pour rappeler le public, et l’on ne parlait pas de son retour. […] Molière sentait la difficulté de la faire passer dans le public. […] Mais j’ai de bons garants de la vérité que j’ai rendue au public, à l’avantage de cet auteur.
On les trouvera rétablis dans celle-ci, et ce n’est pas un petit service rendu au public par ceux qui ont pris ce soin, puisque les nombreuses Assemblées qu’on voit encore tous les jours aux représentations des Comédies de ce fameux Auteurs, font assez connaître le plaisir qu’on se fera de les avoir dans leur pureté. […] Il vint à Lyon en 1653 et ce fut là qu’il exposa au public sa première Comédie ; c’est celle de L’Étourdi. […] Cette Troupe dont Monsieur de Molière était le Chef, et qui, comme je l’ai déjà dit, prit le titre de la Troupe de MONSIEUR, commença à représenter en public le 3 Novembre 1658 et donna pour nouveautés L’Étourdi et Le Dépit amoureux, qui n’avaient jamais été joués à Paris. […] Après qu’elle fut à sa Majesté, Monsieur de Molière continua de donner plusieurs Pièces de Théâtre, tant pour les plaisirs du Roi que pour les divertissements du public, et s’acquit par là cette haute réputation qui doit éterniser sa mémoire. […] Les commencements de cet établissement ont été heureux, et les suites très avantageuses ; les Comédiens compagnons de Monsieur de Molière ayant suivi les maximes de leur fameux Fondateur, et soutenu sa réputation d’une manière si satisfaisante pour le Public, qu’enfin il a plu au Roi d’y joindre tous les Acteurs et Actrices des autres Troupes de Comédiens qui étaient dans Paris, pour n’en faire qu’une seule Compagnie.