si vain quoique si vif, de revoir et d’entendre un. auteur depuis si longtemps enseveli qu’on ne sait plus même où gît sa cendre, si ce désir est concevable, c’est surtout quand il part d’un comédien, car je ne veux pas être autre chose, et qu’il s’applique à un grand homme qui fut un comédien aussi, et qui, sans aucun doute, faisait de son jeu le commentaire le plus précis et le plus profond de son œuvre. […] Horace est confondu, Agnès lui a jeté la pierre, et le jaloux veut préparer la petite à l’honneur des noces qu’il lui prépare ; à cet effet, et en attendant le notaire, il lui fait un ample et mirifique discours sur les devoirs, du mariage et la condition subalterne où gît la femme en la société ; Du côté de la barbe est la toute-puissance… Et ce que le soldat, dans son devoir instruit, Montre d’obéissance au chef qui le conduit, Le valet à son maître, un enfant à son père, À son supérieur le moindre petit frère, N’approche point encor de la docilité, Et de l’obéissance et de l’humilité Et du profond respect où la femme doit être Pour son mari, son chef, son seigneur et son maître ! […] Il est fort tard, sept heures au moins, la nuit est profonde, les porteurs de lanternes éclairent la montée en carrosses ou en chaises ; les seigneurs prennent congé des dames, les plumes balayant la terre ; touche chez Arthénice ! […] Au contraire, pensez-vous qu’élever une femme, ce soit la préparer à la vie, l’armer contre les risques sans nombre qu’elle y court, la fortifier contre d’inévitables douleurs, et, en même temps, la rendre capable d’apprécier les choses douces, sereines et profondes, qui, à cette vie si tourmentée, donnent cependant un si haut prix ?
Le philosophe grec a-t-il aperçu entre la comédie et la tragédie je ne sais quelle profonde et secrète identité ? […] Quand ce but concentre tellement toutes nos forces intellectuelles et morales, qu’en dehors de lui nous n’avons ni sentiment, ni activité pour rien, alors le sérieux nous domine et nous possède exclusivement, et quand ce but est un objet infini, l’accomplissement d’un devoir sublime ou la satisfaction d’une passion profonde, alors l’état de notre âme est tragique. […] La suppression du chœur, la défense formelle faite aux poètes par le gouvernement d’introduire des personnages réels sur la scène, l’installation même de la Muse au foyer domestique, tout cela n’est que l’accompagnement extérieur de l’altération profonde que subit la comédie en passant de l’ancienne forme à la nouvelle. […] Mais s’il avait montré cette parenté, s’il avait produit des preuves, apporté des exemples, il est impossible que tout ce que la France contient d’admirateurs intelligents de l’ancienne comédie, n’eussent pas salué dans Legrand, je ne dis pas le plus profond moraliste ni peut-être même le plus parfait écrivain de la comédie française, mais, à coup sûr, son plus grand poète.