J’accorderai volontiers que la sensibilité est le principe du talent; mais je nierai que la sensibilité soit la même chose que le principe moral et qu’un homme soit d’autant plus moral qu’il est plus sensible. […] Les reproches que le poète a réellement mérités sont peut-être plus graves que ceux qu’on lui fait à l’ordinaire, et doivent tomber sur ses comédies dirigées contre les Sganarelle et les Arnolphe aussi bien que sur Les Femmes savantes. » Dans ces diverses satires, Molière a pu faire admirer la justesse pratique de son jugement; mais ni les unes ni les autres ne découlent d’un principe assez élevé.
Mais Molière connaissait déjà le point de vue du Théâtre, qui demande de gros traits pour affecter le Public ; et ce principe lui a toujours réussi dans tous les caractères qu’il a voulu peindre. […] Ils ne savaient aucun principe de leur art ; ils ignoraient même qu’il en eût. […] Molière, qui connaissait l’action par principes, était indigné d’un jeu si mal réglé, et des applaudissements que le Public ignorant lui donnait. […] Il était surprenant qu’un enfant de dix ou onze ans, sans avoir été conduit dans les principes de la déclamation, fît valoir une passion avec autant d’esprit qu’il le faisait. […] Il ne déclamait point au hasard, comme ceux qui destitués des principes de la déclamation, ne sont point assurés dans leur jeu : Il entrait dans tous les détails de l’action.