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45. (1862) Corneille, Racine et Molière (Revue chrétienne) pp. 249-266

J’accorderai volontiers que la sensibilité est le principe du talent; mais je nierai que la sensibilité soit la même chose que le principe moral et qu’un homme soit d’autant plus moral qu’il est plus sensible. […] Les reproches que le poète a réellement mérités sont peut-être plus graves que ceux qu’on lui fait à l’ordinaire, et doivent tomber sur ses comédies dirigées contre les Sganarelle et les Arnolphe aussi bien que sur Les Femmes savantes. » Dans ces diverses satires, Molière a pu faire admirer la justesse pratique de son jugement; mais ni les unes ni les autres ne découlent d’un principe assez élevé.

46. (1705) La vie de M. de Molière pp. 1-314

Mais Molière connaissait déjà le point de vue du Théâtre, qui demande de gros traits pour affecter le Public ; et ce principe lui a toujours réussi dans tous les caractères qu’il a voulu peindre. […] Ils ne savaient aucun principe de leur art ; ils ignoraient même qu’il en eût. […] Molière, qui connaissait l’action par principes, était indigné d’un jeu si mal réglé, et des applaudissements que le Public ignorant lui donnait. […] Il était surprenant qu’un enfant de dix ou onze ans, sans avoir été conduit dans les principes de la déclamation, fît valoir une passion avec autant d’esprit qu’il le faisait. […] Il ne déclamait point au hasard, comme ceux qui destitués des principes de la déclamation, ne sont point assurés dans leur jeu : Il entrait dans tous les détails de l’action.

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