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39. (1886) Molière : nouvelles controverses sur sa vie et sa famille pp. -131

Ce fut le principe de la haute fortune de Lulli. […] Passant tout de suite à la question des sentiments et des agissements de l’Église à l’égard des comédiens, je dirai qu’à mon avis il y a lieu de distinguer entre les principes que je crois avoir bien exposés et leur application. Le clergé introduisait dans cette matière des distinctions et usait, selon les cas, de tolérances qui mitigeaient et faisaient fléchir la rigueur des principes, et dont il importe de tenir grand compte, car elles placent cette question. sous son vrai jour. […] Dans cet effondrement général, les principes eux-mêmes fléchissent : la morale et la religion s’égarent et s’oblitèrent au milieu de toutes sortes de subtilités et de distinctions, et l’indulgente casuistique des jésuites vient en aide a la démoralisation publique. […] Dans la magistrature, dans la noblesse, dans le clergé même, les hommes a principes sévères, les esprits sérieux, les âmes inflexibles cherchèrent une sorte de régénération sociale dans la pratique des vertus vraiment chrétiennes.

40. (1867) La morale de Molière « CHAPITRE IV. Jugement sur les Hommes de Molière. » pp. 65-82

C’est en 1671, dans toute la force de son génie, quand il ne manque plus à ses chefs-d’œuvre que les Femmes savantes et le Malade imaginaire, que Molière donne les Fourberies de Scapin, et qu’il exalte un héros de la même volée que Mascarille et Sbrigani, roi de la pièce d’un bout à l’autre, qui dresse les fils de famille à courir les filles258 et à insulter leurs pères259, qui vole plus effrontément que tous ses prédécesseurs260, avec un entrain si victorieusement comique qu’il est impossible à l’âme la plus ferme de résister au fou rire causé par le mulet et la galère 261, et de n’être pas, malgré tous les principes, enchantée de voir réussir ces admirables fourberies. […] Il faut une intelligence cultivée et un effort de réflexion pour discerner, dans les Hommes de Molière, les principes d’honnêteté qu’il y a mis : il ne faut que voir, et suivre l’entraînement du rire, pour approuver le vice qui y est étalé.

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