Au contraire, il me semble que plus vous serez simple et uni comme bonjour, jasant avec moi des événements, des accidents et des opinions de la veille, et plus je trouverai que vous êtes un écrivain à ma portée, un narrateur bonhomme, un critique attaché au fait principal. […] Le rôle principal, don Juan, est un grand coureur de filles et de femmes, et pourtant, en dépit de ces scélératesses coupables, on l’aime, quoi qu’on en ait. […] dans des œuvres si compliquées, pour déplacer ainsi l’action et le drame, et pour faire reposer l’intérêt, non pas sur le héros principal, mais sur quelque subalterne tout boursouflé de ridicule et de bon sens ! […] Alexandre Dumas avait imaginé d’encadrer l’intermède de Molière dans un intermède de la composition de l’auteur d’Antony, et il arriva, chose étrange et chose incroyable, et toute à la louange du poète moderne, que cet habile et intelligent auditoire du Théâtre-Français confondit d’un bout à l’autre, de ces trois petits actes, beaucoup trop allongés, le principal et l’accessoire, la comédie et la mise en scène, la sauce et le poisson ! […] Bref, ce vagabondage ou plutôt cette fantaisie qui ne s’arrête sur rien et sur personne, jette dans toute la pièce je ne sais quoi de décousu que Molière lui-même avait pressenti quand il a voulu faire de dona Elvire le nœud de sa lugubre comédie ; mais faute d’un peu d’amour dans l’âme de Don Juan, cette Dona Elvire, elle-même, par un privilège dont elle jouit seule, a beau paraître deux fois, au commencement et à la fin du drame, rien n’empêche qu’elle ne soit un personnage épisodique ; pas une de ces femmes, aimées ou perdues par Don Juan, ne tient à l’action principale.
Elles effacent non seulement les traits les mieux caractérisés du principal personnage, elles ôtent encore tout le sel du reste de la scene.