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81. (1848) De l’influence des mœurs sur la comédie pp. 1-221

Scribe, nous opposerons à son langage les paroles échappées à ce vieillard plein de bon sens qui, assistant à la première représentation des Précieuses ridicules, s’écria du fond du parterre : « Bravo ! […] Molière, lui, sut se garantir du jargon précieux, en si grand honneur à l’hôtel Rambouillet, sorte d’euphuisme aussi, répandu déjà dans le grand monde et parmi les beaux esprits de ce temps. […] D’abord il faut admettre que l’on peut posséder certaines qualités précieuses, telles que la droiture, la sincérité, la franchise, sans être pour cela précisément vertueux. […] Si son plus précieux avantage n’était pas de disposer nos cœurs, quels que soient les vices et les imperfections de nos semblables, à les aimer, ou du moins à les plaindre, et non à les haïr ? […] Ce qui leur manquera pour les saisir et les bien rendre, c’est la finesse, le tact, la mesure et le goût; qualités précieuses, qui seules ne font pas le grand acteur, mais qu’il faut indispensablement posséder pour le devenir.

82. (1824) Notices des œuvres de Molière (VIII) : Le Bourgeois gentilhomme ; Psyché ; Les Fourberies de Scapin pp. 186-466

Mais il n’avait pas cru y manquer en permettant à Molière d’égayer plus d’une fois le public aux dépens de ces jeunes marquis éventés, dont Turlupin était le modèle, et Mascarille, des Précieuses, une copie à peine exagérée. […] Jourdain auprès d’une belle marquise dont il est lui-même l’amant ; et, ce qui n’est pas une feinte, il enrichit sa maîtresse, qui va devenir sa femme, des dons précieux qu’il est chargé par un autre de lui faire accepter. […] La noblesse, dépouillée du pouvoir féodal, mais conservant de précieuses immunités, et possédant seule, comme un vaste apanage, les emplois élevés de la magistrature et des armes, la noblesse était véritablement une classe d’hommes à part.

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