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82. (1740) Lettres au Mercure sur Molière, sa vie, ses œuvres et les comédiens de son temps [1735-1740] pp. -89

Il semble aussi que la plupart des hommes, contens de louer et d’estimer les poètes, ayent poussé le mépris pour les comédiens jusqu’à l’excès, quoique le public leur doive presque autant qu’aux poètes ; du moins, sans eux, jamais le public n’auroit eu tant de plaisir, ni les poètes tant de gloire ; et il n’est pas bien sûr qu’un excellent comédien soit une chose beaucoup plus commune qu’un excellent poète58. […] Un grand comédien eût trop poussé un rôle assés plein de lui-même, et eût fait faire trop d’impression à sa férocité sur les âmes tendres. » On prétend qu’il mourut par les efforts violens qu’il fit enjouant Oreste, où l’on assure que son ventre s’ouvrit ; il étoit si prodigieusement gros76 qu’il étoit soutenu par un cercle de fer. Il faisoit des tirades de vingt vers de suite et poussoit le dernier avec tant de vehémence que cela excitoit des brouhahas et des aplaudissemens qui ne finissoient point.

83. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

« … En regardant ce matin dans la plaine un de ces animaux à longues oreilles qui sont plus petits que le cheval, et qui, par leur union avec l’espèce chevaline, donnent naissance à la mule, je me disais que notre Boileau avait peut-être poussé un peu loin la défense de l’antiquité contre M.  […] Boileau me semble donc avoir poussé trop loin la défense de l’antiquité dans ses Réflexions critiques. […] Sans pousser le blâme aussi loin que Fénelon, la Bruyère ou Vauvenargues, on trouvait généralement que les farces de Scapin, du Médecin malgré lui, de Pourceaugnac 363, etc., étaient un peu indignes de l’auteur du Misanthrope. […] Des combattants pressés l’haleine âpre, enflammée, N’est, qu’un nuage épais de sang et de fumée Où la Mort s’enveloppe et pousse l’ennemi Pied à pied.

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