Ceux qui se sont fait de Julie de Rambouillet une idée romanesque, veulent nous persuader qu’après que le duc de Montausier eut demandé sa main, elle le fit languir treize ans, le soumit à toutes les épreuves imposées aux amours fabuleux des romans du temps, exigea qu’il parcourût, dans toute son étendue, le royaume de Tendre, dont mademoiselle de Scudéry n’eut l’idée et ne publia la carte que dix ans plus tard.
Elle commença par imiter servilement les imitations latines de Plaute et de Térence ; et, plus tard, sans cesser de les prendre pour modèles, elle introduisit sur la scène quelques peintures de ses propres mœurs, qui étaient remarquables surtout par la licence des actions et des paroles. […] Toutefois, en sortant de sa vraie route, Molière ouvrit celle où devait se distinguer plus tard un esprit singulier qui mit sur la scène l’analyse subtile des mouvements du cœur humain, et la marche imperceptible d’une passion qui s’ignore ou veut se cacher à elle-même. […] Sa bonne fortune lui donna pour camarade de classes Armand de Bourbon, prince de Conti21, de qui nous le verrons recevoir plus tard quelques marques utiles d’un souvenir affectueux. […] Des traditions peu certaines le montrent à Bordeaux, de 1646 à 1650, recevant du duc d’Épernon un accueil fort bienveillant, et faisant jouer sans succès une tragédie de sa composition, intitulée la Thébaïde, dont il donna plus tard le sujet et peut-être le plan au jeune Racine. […] Plus tard, Molière, trop pressé par le temps pour achever Psyché, eut recours à Corneille, que ce partage mit à même de prouver un nouveau talent et d’acquérir une nouvelle gloire.