Molière a employé des personnages du même rang ; mais il en a fait des habitants de l’ancienne Grèce, et les a placés dans cette Élide si fameuse par la solennité de ses jeux olympiques, il vit sans doute, dans ce choix de circonstances, un moyen de rattacher la représentation de sa comédie aux autres épisodes d’une fête héroïque qui avait aussi ses courses, ses joutes, ses prix décernés à l’adresse et à la vigueur. […] C’est à ce mérite, si brillant dans l’ouvrage, que Molière semble avoir sacrifié tous les autres ; c’est là qu’en quelque sorte il a placé la compensation de tous les défauts originels du sujet, et de ceux qu’il s’est vu contraint d’y ajouter lui-même.
Surtout, quelle hardiesse et quelle vérité dans la leçon, venant de tout en bas au grand seigneur si haut placé, par la bouche du mendiant contre qui sa corruption échoue ! […] Et enfin le voilà usurier de son propre fils98, dont il ne blâme la vie dissipée que parce qu’elle coûte, dont il ne blâme le jeu effréné que parce que le gain n’en est pas placé à bon intérêt99, avec lequel il ruse comme avec un ennemi100, et qu’il réduit enfin à l’insulter101 et à le voler102.