Le décor est fort simple : c’est deux maisons sur le devant et, le reste, une place de ville. […] — C’est un mal dont on a pris son parti ; et l’on ne supprime ces places que dans les pièces à machines, ou chez le roi. […] Horace est culbuté par ce lourdaud d’Alain ; il tombe sur la place, et les complices le croient mort ; les voilà, épouvantés, qui se retirent… Mais à vingt ans, on ne se laisse pas ainsi déferrer l’âme du corps ; et comme Arnolphe est à songer, Horace encore une fois reparaît à ses yeux. […] Les précieuses, appuyées des auteurs et des comédiens, essayaient leur revanche ; et les dévots se mirent de la partie ; sous l’étincelante cour du jeune roi, ils creusaient déjà les sapes par où ils devaient plus tard s’introduire dans la place.
Mon homme a toutes les peines du monde à croire qu’une femme de bien puisse faire de pareils tours ; mais, pour l’en convaincre mieux, cette honnête dame devient amoureuse du petit page, et veut le prendre à force ; mais comme il faut que justice se fasse, et que, dans une pièce de théâtre, le vice soit puni ou la vertu récompensée, il se trouve à la fin du compte que le capitaine se met à la place du page, couche avec son infidèle, fait cocu son traître ami, lui donne un bon coup d’épée au travers du corps, reprend sa cassette, et épouse son page. […] Non pas certes cosi cosi, Mais dans une admirable place, Avec tant d’art et tant de grâce, Tant de pompe et tant de beauté, Que l’on croyait être enchanté. […] « L’original lui fournissait plusieurs scènes qui n’étaient pas inférieures à celles qu’il a choisies, et dont il n’a fait cependant aucun usage, parce qu’il était obligé de resserrer l’action pour laisser de la place aux intermèdes de musique, et aux ballets de la fête que le roi lui avait demandée. […] Ensuite le père prenait une clef, avec laquelle il semblait monter cet instrument par le moyen d’une roue qui faisait un vacarme terrible dans le corps de la machine, comme s’il y avait eu une multiplicité de roues possible et nécessaire pour exécuter ce qu’il lui allait faire jouer ; il la changeait même souvent de place, pour ôter tout soupçon. […] C’en fut assez dit : cette scène fut faite et apprise en moins de vingt-quatre heures, et le roi eut le plaisir de la voir en sa place, à la représentation suivante de cette pièce. » L’auteur de la Vie de Molière, avec des jugements sur ses ouvrages, apporte ce fait, et ajoute : « Molière, qui n’entendait rien au jargon de la chasse, pria le comte de Soyecourt lui-même de lui indiquer les termes dont il devait se servir. » Ce dernier fait ne paraît pas trop vraisemblable, et j’aimerais mieux m’en rapporter à Grimarest, qui dit que ce fut une autre personne de la Cour qui rendit ce service à Molière.