Il s’en suivroit de là que toutes les pieces à caractere seroient des pieces mixtes, puisqu’on n’en voit pas une où il n’y ait une espece d’intrigue bien ou mal filée. On ne pourroit en excepter que les pieces à scenes détachées, encore en avons-nous où il y a une exposition, une intrigue, un dénouement. […] Pour distinguer les pieces mixtes d’avec les pieces à caractere, nous donnerons le premier titre à celles où le spectateur remarque en même temps un ou plusieurs caracteres avec une intrigue filée & mise en action par les ruses préméditées d’un autre personnage ; aux pieces enfin où l’intrigant agit autant que l’acteur à caractere. […] Choisissons dans notre théâtre quelques pieces mixtes ; voyons quelles sont leurs qualités, & en quoi elles pechent. […] L’un & l’autre de ces défauts, sont mortels pour les pieces.
Tout le monde a reconnu dans les bons Auteurs comiques trois especes de pieces, pieces à intrigue, pieces à caractere, pieces mixtes, c’est-à-dire, qui tiennent des deux premieres : mais tout le monde n’a peut-être pas senti que les pieces à intrigue, que les pieces à caractere, que les pieces mixtes sont variées à l’infini dans leur construction, dans leur marche ; que chacun de ces trois genres en a plusieurs autres, qui doivent être traités différemment, & qui l’ont été par les meilleurs maîtres de l’art chez toutes les nations. C’est ce que nous verrons dans ce volume, quand nous aurons dit en passant un mot des genres auxquels il est bon de ne pas se livrer : alors nous examinerons les différents genres des pieces à intrigue, ensuite ceux des pieces mixtes, & nous finirons par décomposer les différents genres des pieces à caractere.