Dans cette foule bruyante qu’il évoque autour de nous, il se perd, il disparaît ; ou du moins, s’il se montre furtivement sous le masque, nous ne voyons dans l’Ariste qui censure les folies humaines que le philosophe qui, tout en raillant nos misères, ne cesse pas, malgré sa misanthropie mélancolique, d’aimer et de plaindre ses semblables. […] Aussi en est-il réduit à se confiner dans un désert où « il philosophe avec son boyau », pour gagner quatre oboles par jour. […] Oui, le coup de maître fut ici de donner à cet ami de la vertu le travers d’un amour mal placé qui va mettre le philosophe en contradiction avec ses principes, et, par un secret mécontentement de lui-même, provoquer les explosions de son humeur. […] Cet optimiste à outrance s’empresse trop de « rendre offre pour offre, ou serments pour serments » ; et sous la tolérance de son « flegme philosophe »qui « ne s’échauffe de rien », mais prend tout doucement les hommes comme ils sont, se cache une insouciance plus misanthropique peut-être que le courroux d’Alceste. […] Ils jetèrent les hauts cris, comme les philosophes du dix-huitième siècle, quand ils se virent calomniés par la comédie de Palissot.
On y voit un Auteur philosophe qui dit : « Les hommes sont plus attachés à la conservation de la vie qu’ils ne tiennent au gain ou à la perte d’un procès : par conséquent, la crainte de la mort leur fait regarder les Médecins avec plus de vénération que les Avocats.