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116. (1772) De l’art de la comédie. Livre troisième. De l’imitation (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE III. » pp. 53-56

La premiere ne rebute qu’un pédant qui le mérite ; les autres refusent, avec la derniere impertinence, deux époux aimables, parcequ’ils n’ont pas donné à leur passion un air de roman, & qu’ils ont débuté de but en blanc par le mariage.

117. (1800) De la comédie dans le siècle de Louis XIV (Lycée, t. II, chap. VI) pp. 204-293

J’ai vu depuis précisément la même scène, et plus forte encore, et j’ai compris que, lorsqu’on peignait des originaux pris dans la nature, et non pas, comme autrefois, des êtres imaginaires, l’on ne pouvait guère charger ni les ridicules ni les passions. […] Que pourrait opposer à ce raisonnement un homme sans passion et sans humeur? […] Comme elle m’a entraîné un peu loin, je passe rapidement sur les autres parties de l’ouvrage, sur le contraste de la prude Arsinoé et de la coquette Célimène, aussi frappant que celui d’Alceste et de Philinte; sur les deux rôles de marquis, dont la fatuité risible égaie le sérieux que le caractère du Misanthrope et sa passion pour Célimène répandent de temps en temps dans la pièce; sur les traits profonds dont cotte passion est peinte, sur la beauté du style qui réunit tous les tons; et je dois d’autant moins fatiguer l’admiration, que d’autres chefs-d’œuvre nous attendent et vont la partager. […] Tel est le faux calcul des passions : on croit épargner sur des dépenses indispensables, et l’on est contraint tôt au tard de payer des dettes usuraires. Molière d’ailleurs n’a rien oublié pour faire détester cette malheureuse passion, la plus vile de toutes et la moins excusable.

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