Celui qui, tout en parlant de Dieu, veut séduire la femme et dépouiller les enfants de son bienfaiteur, est un monstre d’une espèce heureusement rare, qui ne peut, s’il se fait voir, échapper au titre d’infâme hypocrite ; mais combien de fois n’est-il pas. arrivé que des hommes qui n’étaient ni suborneurs, ni spoliateurs comme Tartuffe, ont été flétris de son odieux nom, uniquement parce que les pratiques et les paroles religieuses leur étaient familières comme à lui ? […] Mais que le monologue insipide où Mercure raconte tout ce qu’on va voir et entendre, comme s’il craignait qu’on n’y prît trop d’intérêt et de plaisir, lui ait semblé supérieur au charmant dialogue de Mercure et de la Nuit, qui prépare au merveilleux de l’action, sans la faire connaître ; surtout que le jeu du double moi lui ait paru plus ingénieux dans Plaute qui l’indique à peine, que dans Molière qui en a tiré un si grand parti d’après Rotrou, voilà de ces erreurs que Boileau ne pouvait commettre, et qu’il y aurait une témérité presque sacrilège à lui imputer sur la périlleuse parole d’un auteur d’ana. […] Sosie même, Sosie, malgré la bassesse de sa condition et la grossièreté de ses mœurs, comprend cette délicatesse de son maître ; car, lorsqu’un sot et indiscret ami, ébloui de la majesté du dieu et de la magnificence de ses promesses, ouvre la bouche pour complimenter Amphitryon, il la lui ferme par ces paroles pleines de sens et de comique, qui méritent de devenir la règle éternelle des bienséances en toute aventure pareille : … Coupons aux discours, Et que chacun chez soi doucement se retire.
Je suis homme à saisir les gens par leurs paroles, Et j’ai présentement besoin de cent pistoles. […] Il se mit dans une chaise, fit tenir sa femme debout, & lui dit ces paroles, ou d’autres encore plus impertinentes : « Vous êtes ma femme, dont j’espere que j’aurai sujet de louer Dieu tant que nous vivrons ensemble. […] A toutes ces paroles dorées, l’innocente Laure faisoit de grandes révérences, à propos ou non, & regardoit son mari entre deux yeux, aussi timidement qu’un écolier nouveau fait un pédant impérieux.