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201. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Jouez seulement bien votre rôle ; et quand je vous enverrai quelqu’une de mes bonnes bourses, ne marquez aucun besoin d’argent, et surtout ne paraissez avoir aucune relation avec moi. […] Il faut parler toujours sans rien dire pour sembler spirituelle ; rire sans sujet pour paraître enjouée ; se redresser à tout moment pour étaler sa gorge ; ouvrir les yeux pour les agrandir, se mordre les lèvres pour les rougir ; parler de la tête à l’un, de l’éventail à l’autre ; donner une louange à celle-ci, un lardon à celle-là ; enfin, badiner, gesticuler, minauder 60 . » L’arrivée du printemps, qui amène le départ des officiers, jette le désarroi dans le monde des promeneuses, et les force à se rabattre sur les robins et les petits collets fort peu demandés en hiver : Heureux les bourgeois de Paris, Quand le plumet court à la gloire ! […] Il est probable que la verve toujours licencieuse et audacieuse de nos Italiens francisés paraissait de moins en moins tolérable, et qu’elle finit par être tout à fait en désaccord avec les rigueurs et les tristesses de la fin de ce siècle et de ce règne62.

202. (1820) Notices des œuvres de Molière (V) : L’Amour médecin ; Le Misanthrope ; Le Médecin malgré lui ; Mélicerte ; La Pastorale comique pp. 75-436

Nous n’en avons pour garant que Gui Patin, dont l’autorité est d’autant plus suspecte qu’il se trompe sur les principales circonstances du fait qu’il raconte, prenant L’Amour malade pour L’Amour médecin, l’hôtel de Bourgogne pour le Palais-Royal, et comptant six médecins dans une pièce où il n’en paraît que cinq. […] Après avoir déchiré la Sophonisbe de Corneille, il s’était subitement avisé d’en prendre la défense contre l’abbé d’Aubignac ; et, présumant bien qu’on ne manquerait pas de l’opposer à lui-même, il avait essayé de prévenir ainsi le reproche de contradiction ou de versatilité : « Je n’avais été voir Sophonisbe que pour y trouver des défauts ; mais, l’ayant été voir depuis en disposition de l’admirer, et n’y ayant découvert que des beautés, j’ai cru que je n’aurais pas de gloire à paraître opiniâtre et à soutenir mes erreurs. » Il y a plus de naïveté que d’adresse ou de dignité dans cette justification. […] Rousseau a été si solidement et si complètement réfuté par d’Alembert, Marmontel, La Harpe, et d’autres écrivains d’un ordre inférieur, que toute argumentation nouvelle sur ce point pourrait paraître superflue. […] Il avait dans ses moyens une confiance sans bornes, et il composait à une époque où rien ne pouvait paraître téméraire.

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