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96. (1747) Notices des pièces de Molière (1666-1669) [Histoire du théâtre français, tome X] pp. -419

Les modèles disparaissaient, il devenait original. […] Molière, en choisissant le plus parfait de ces originaux pour l’objet de son imitation, a bien montré quel était son discernement. […] Ce secret de faire passer sur le théâtre un caractère à son original a été trouvé si bon que plusieurs auteurs l’ont mis en usage depuis avec succès. » La naissance d’un second fils de France qui fut nommé duc d’Anjou (mais qui mourut très jeune) occasionna des réjouissances publiques. […] « On peut voir par ces exemples combien ces métamorphoses, si je puis m’exprimer ainsi, sont surprenantes, et avec quel art le poète français a adapté à son sujet tout ce qu’il a imité ; car les copies deviennent entre ses mains des originaux, et perdent ce caractère d’imitation servile qu’il est si difficile aux auteurs de ne pas laisser dans les ouvrages dont les idées ne leur appartiennent pas. Ajoutons que c’est de Molière seul que l’on peut apprendre à se servir de plusieurs ouvrages, pour en construire une fable d’imitation mixte, étant le seul qui nous en ait laissé l’exemple, et qu’il ne paraît pas moins admirable, lorsqu’il est imitateur, que lorsqu’il est original. » Voici de quelle façon Robinet rendit compte de la comédie de L’Avare.

97. (1909) Deux ennemis de la Compagnie du Saint-Sacrement : Molière et Port-Royal (Revue des deux mondes) pp. 892-923

Pour le Festin de Pierre, c’est possible, mais il en faut encore douter par cela même qu’il est assez facile de démêler entre les confrères du Saint-Sacrement l’original vivant que Molière a pu avoir en vue. Cet original, M. […] Cet original, c’est précisément Conti, l’ancien patron, changé en irréconciliable ennemi des comédiens; Conti de qui, assurément, la personne contrefaite n’avait nul rapport avec le fier et élégant cavalier dont le charme affole les Madelons comme les Elvires, mais dont le passé moral n’avait rien à envier à celui de Don Juan.

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