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115. (1852) Légendes françaises : Molière pp. 6-180

À chaque nouvelle ville, nouveaux rôles à apprendre : comédies, tragédies, tout y passait ; un public à haranguer, des acteurs à instruire, une troupe à conduire, que d’affaires ! […] Le théâtre, comme décorations et machines, était alors dans tout son éclat, depuis Corneille et Richelieu; mais c’était encore chose nouvelle. […] Établi dans sa nouvelle salle, il semble qu’il ait voulu s’élever à un ton plus noble ; au mois de février 1661. […] Aussi, Sa Majesté, au commencement de la nouvelle année 1667, ayant demandé, pour une deuxième représentation du Ballet des Muses, une autre comédie d’un nouveau genre, où il y eût des Turcs et des Maures, Molière, en quelques jours, improvisa le Sicilien. […] Pour chacune de ses créations, Molière éprouvait le besoin d’une forme nouvelle ; tous les genres de comédie ont été par lui mis en œuvre : comédies à intrigues, comédies à saillies, simples farces de foire, et sans que rien s’y ressemble.

116. (1900) Molière pp. -283

Malgré ces obstacles, l’institution nouvelle commença avec un réel succès : l’Athénée de Paris, rivale de l’Institution royale de Londres, eut de belles soirées. […] Sarcey qui d’ailleurs était d’un caractère, d’un esprit, et d’une sûreté de savoir à ne pas lâcher facilement pied, continua dans le même sens pendant une nouvelle soirée. […] Il n’y a pas de vue nouvelle trouvée depuis, pas de théorie nouvelle inventée depuis, qui ne soient en germe là. […] Le grand poète, il l’a été, dans les plus belles lettres de La Nouvelle Héloïse, et dans les deux lettres à M. de Malesherbes ; c’est presque le sommet de la langue poétique ; le grand tribun, il l’a été dans la lettre à M. de Beaumont. […] C’était lui qui prêtait à tout cet air de bon goût dégagé, d’aisance, de sans-façon aimable, de liberté, qui donnait à la corruption même de l’ancienne société un charme que bientôt, peut-être, on cherchera vainement dans les vertus de la nouvelle.

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