Est-il un contraste plus frappant et moins affecté que celui des airs grotesquement nobles de notre comtesse angoumoise, avec les manières élégamment aisées de Julie et du vicomte, deux des plus aimables, des plus gracieux personnages qui soient sortis du pinceau de Molière ? […] L’un, robin pédant, galant et fade, mêle, dans ses billets doux, les expressions du Digeste à celles de L’Astrée ; sentant l’énorme distance qui sépare un homme de robe de la veuve d’un noble d’épée, il adore, en gémissant, les rigueurs d’une tigresse qui n’a que trois amants, dont un la paie. […] Harpin, brusque, bourru, dur, ainsi qu’il convient à un homme de finance, n’a pas pour la naissance le même respect que son doucereux rival, et, comme s’il était de notre siècle, pense que l’or se met au niveau de tout, si même il ne s’élève au-dessus ; il croit, le grossier personnage, qu’on lui doit de l’amour en échange de son argent, et qu’il a le droit de s’emporter quand il s’aperçoit qu’on le trompe ; enfin, monsieur le receveur ne veut plus être monsieur le donneur , et il sort en outrageant la noble friponne, après avoir ménagé le vicomte, qu’il redoute, et insulté le conseiller, dont il n’a rien à craindre. […] On peut même douter que le projet de cette comédie ait été fait, comme il est dit en tête du prologue, pour délasser le roi de ses nobles travaux .
C’en était fait des plus vifs plaisirs du théâtre pour les hommes qui aimaient, d’une foi sincère, le beau langage, les nobles traditions, les vivants souvenirs. […] Elle appela madame Mélingue sa fille, lui disant que c’étaient là de nobles larmes ; Mélingue, à son tour, essuya ses larmes, et quant au critique : « Voilà, dis-je à mademoiselle Mars, voilà pourtant comment nous étions tous hier soir ! […] Cette noble femme restera, pour les comédiennes à venir, un encouragement, un conseil, un exemple en beaucoup de choses. […] noble vie, animée des plus correctes passions, rentre dans l’air immense où se perd le souffle supérieur… Ad ventos vita recessit.