On disoit qu’une catastrophe, attendue ou non attendue, préparée ou non préparée, devient indifférente pour le spectateur après les premieres représentations, puisqu’il sait l’instant, la minute où elle arrive, & les moyens, bien ou mal conçus, qui la produisent. […] Il dit au bon-homme que la maladie de sa fille n’a d’autre principe que le desir d’être mariée : il ajoute que, pour donner plus surement à ses remedes le moyen d’opérer, il a persuadé à Lucinde qu’il n’étoit pas un Médecin, mais un jeune homme amoureux d’elle ; qu’il venoit la demander en mariage ; qu’il faut la confirmer dans cette idée, & lui faire croire que l’homme qui écrit ses ordonnances est un Notaire. […] Il faut mettre le public dans la confidence, lui dévoiler les moyens qu’on emploie, & cependant l’intriguer par la crainte de voir manquer les complots qu’on lui confie & par le desir d’apprendre ce que dira, ce que fera la victime de ces mêmes complots dans les premiers instants de sa surprise. […] Remarquons que lorsque Moliere a conduit ses dupes au point desiré, il peint avec diverses couleurs la façon dont ils expriment la rage qui les anime ; par ce moyen il évite la monotonie, & le plaisir de ses lecteurs est varié.
On rencontre bien des gens aujourd’hui qui aiment encore à vingt-sept ans, et il faut peut-être croire que la moyenne de la vie amoureuse a augmenté en même temps que l’autre. […] Molière, permettez-moi cette expression un peu trop récente, est un grand artiste ; il ne connaît ni les petits moyens ni les procédés vulgaires ; il jette sur la scène des caractères, et ce sont ces caractères qui s’expliqueront eux-mêmes devant vous. […] Est-ce que je n’ai pas raison de vous dire qu’il n’y a pas moyen de s’entendre ? […] Est-ce que nous n’avons pas un moyen de nous renseigner ? […] On a dit alors que le sujet, l’imbroglio, les détails accessoires étaient pris un peu partout, et que tout cela d’ailleurs ne dépassait pas la moyenne des ouvrages courants.