Remarquons, cependant, qu’il y eut chez lui plusieurs La Forest successives, dont l’une, de son vrai nom Louise Lefebvre, mourut en 1668 ; suivant un usage qui n’est pas perdu, lorsqu’il changeait de cuisinière, il donnait à la nouvelle le nom de l’ancienne. […] L’Amour médecin est du 15 septembre 1666 et, six mois après, le 21 février 1667, Robinet nous apprend que le poète avait failli mourir. […] Il ne s’y ménageait en aucune circonstance, « jusque-là que, s’il mourait un des domestiques de son théâtre, ce lui étoit un sujet de harangue pour le premier jour de comédie. » On a conclu de là qu’il aimait l’éloquence pour elle-même, et aussi qu’il était très comédien par le constant désir d’occuper le public de sa personne. […] Molière, lui, mourut en fonctions et à la peine.
C’est ainsi que, dans les chœurs bouffons de M. de Pourceaugnac et du Malade imaginaire, Molière riait encore, au moment où il se mourait déjà. […] Nous savons que son fils s’endette parce qu’un père lui refuse le nécessaire, que sa fille se laissera séduire, parce qu’il voudrait s’en débarrasser sans lâcher un sou de dot, que ses valets sont menteurs et filous, parce qu’il rogne sur bêtes et gens jusqu’à les faire mourir de faim. […] Pourtant, je ne lui pardonne pas le recel de la cassette, ni le chantage qui s’ensuit, ni surtout ce mot impie : « Et l’on s’étonne après cela que les fils souhaitent que leurs pères meurent ! […] C’est bien l’homme qui disait : Et je verrais mourir frère, enfant, mère et femme, Que je m’en soucierais autant que de cela. […] je me meurs !