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71. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE XIX & dernier. Des causes de la décadence du Théâtre, & des moyens de le faire refleurir. » pp. 480-499

Mais un théâtre ne peut se soutenir sans nouveautés, & je le prouve par l’Opéra, qui a le fonds le plus riche, qui peut le rajeunir en changeant la musique de quelques ariettes, ou les ballets, qui donne le même spectacle trois mois de suite, & qui languit faute de pieces nouvelles. […] Si l’on donnoit à un Acteur, toutes les fois qu’il paroît sur la scene, deux louis, plus ou moins, à raison de la part qu’il a à la comédie, & de la recette du mois ou de l’année, cet arrangement, plus efficace que toutes les ordonnances d’Esculape, rétabliroit bien des santés.

72. (1884) Tartuffe pp. 2-78

La chose est proposée, moins de trois mois après, par un certain Roullé, curé de Saint-Barthélemy, en son libelle : Le roi glorieux au monde, où il démontre que : Molière, ce démon vêtu de chair et habillé en homme, mérite le dernier supplice, et le feu même, avant-coureur de celui de l’enfer . — Remarquons en passant que ceci n’est pas une menace en l’air ; on brûlait très bien encore ; c’est cette année même, 1664 ou 1665, que périt ainsi en Grève le poète Claude Petit, pour des vers contre la Sainte Vierge2. […] Au mois de septembre suivant, Molière ayant accompli, sur un ordre du roi, ce tour de force de composer, de faire apprendre et jouer en cinq jours une pièce nouvelle : l’Amour médecin, Louis XIV l’attache décidément à son service, et la troupe de Monsieur devient troupe royale avec six mille livres de pension. […] En outre, quand il composa Tartuffe, c’est-à-dire ou vers la fin de 1663 ou dans les premiers mois de 1664, il était dans toute la chaleur de sa victoire de l’École des femmes ; il avait, avec la Critique, avec l’lmpromptu, battu les marquis, les pédants, les prudes, les comédiens : il lui restait les dévots à vaincre ; et comptant sur Louis XIV, il est probable qu’il ne s’y était pas épargné. […] Ce ne sont pas non plus des retouches de cette nature qui peuvent avoir touché l’esprit du roi : s’il a permis l’œuvre en 1669, après avoir maintenu la défense dix-huit mois encore, d’autres raisons évidemment se sont jointes à ces satisfactions telles quelles.

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