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86. (1852) Molière — La Fontaine (Histoire de la littérature française, livre V, chap. I) pp. 333-352

Molière eut donc droit de contrôle sur les mœurs de la société, et même ses hardiesses étaient encouragées. […] Mais dès ce second essai de grande comédie il avait révélé, par plusieurs scènes, son habileté à peindre les mœurs et la passion. […] Les hommes véritablement pieux ont une tout autre allure, et Molière a peint leurs mœurs avec une vérité qui prouve à quel point il les estimait, et que réellement il ne voyait au monde « chose plus noble et plus belle que la sainte ferveur d’un véritable zèle » : Point de cabale en eux, point d’intrigues à suivre ; On les voit pour tous soins se mêler de bien vivre.

87. (1772) De l’art de la comédie. Livre quatrième. Des imitateurs modernes (1re éd.) [graphies originales] « CHAPITRE VI. Baron, imitateur, comparé à Moliere, à Cicognini, à Térence, &c. » pp. 219-261

Nous avons vu avec quelle adresse Moliere fait usage de la piece latine dans l’Ecole des Maris, comme il sait accommoder le fonds du sujet à nos mœurs, à nos usages, comme il trouve moyen d’en tirer une morale saine. Disons hardiment que Baron semble s’être étudié à faire tout le contraire, puisque ses Adelphes sont très propres à corrompre les mœurs, à autoriser le libertinage, & qu’ils ont l’air barbare au milieu de Paris 25. […] « Ce n’est point assez que les mœurs du théâtre ne soient point mauvaises, il faut encore qu’elles soient instructives : il peut y avoir un ridicule si fade & si indifférent, qu’il n’est ni permis aux Poëtes d’y faire attention, ni possible aux spectateurs de s’en divertir ». […] Le Théophraste François se trompe : le caractere d’un homme efféminé, qui passe son temps à se parer pour séduire des femmes, qui se fait une gloire de porter le trouble dans leur cœur & de les afficher, qui croit établir sa gloire sur le déshonneur de vingt familles ; un tel personnage, dis-je, pouvoit être pendant cinq actes très utile à la correction des mœurs.

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