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205. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIII » pp. 109-125

C’est en parlant des satires de Boileau contre eux, que Montausier mécontent avait prononcé ce jugement mis en vers par Boileau lui-même :                          Tout n’en irait que mieux, Quand de ces médisants l’engeance tout entière Irait, la tête en bas, rimer dans la rivière. […] « Il les publie, dît-il dans sa préface, pour faire valoir l’esprit de ses illustres amies, et pour ne rien ôter à si reconnaissance et à leur gloire. » Il ajoute : « Je leur dois rendre le témoignage que leurs innocentes faveurs ont adouci tout le chagrin de ma vie et m’ont mis en état de me passer plus aisément de ce qu’on appelle fortune… Les femmes de qualité ont poli mes mœurs et cultivé mon esprit ; et comme je ne leur ai jamais eu d’obligation pour ma fortune, je n’ai jamais souffert auprès d’elles de servitude ni de contrainte. »Ces paroles ne sont pas d’un homme méprisable. […] Je connais des princes du sang38, des princes étrangers39, de grands seigneurs façon de prince, de grands capitaines40, des gentilshommes, des ministres d’état41, des magistrats et des philosophes qui fileraient pour vous, si vous les laissiez faire. » Quelles devaient être les lettres de madame de Sévigné au surintendant Fouquet, lorsqu’en 1654, il se mit en tête de la séduire ! […] Je remarque ces circonstances pour que le lecteur ait une idée juste de l’état de la maison de Rambouillet depuis plusieurs années, Lorsque Molière mit ses Précieuses au théâtre de la capitale.

206. (1706) Lettre critique sur le livre intitulé La vie de M. de Molière pp. 3-44

Pour moi, je ne m’en étonne point du tout, et je ne vois pas même qu’il y ait lieu de s’en étonner : nous avons de Molière tout ce qui doit nous toucher, ce sont ses Ouvrages ; et je me mets fort peu en peine de ce qu’il a fait dans son domestique, ou dans son commerce avec ses amis ; nous nous passons de la Vie de bien d’autres personnes illustres dans les Lettres ; nous nous serions aussi bien passés de la sienne. […] L’Auteur aurait pu faire entrer Baron plus noblement sur la Scène, que de le mettre avec les Bateleurs de la Foire ; et je m’étonne que ce grand Homme ait souffert que son ami (car je n’en veux rien rabattre, ils se connaissent de longue main) l’ait fait passer à la postérité par une si vilaine porte. […] Molière est le plus petit homme du monde quand l’Auteur le met avec Baron ; excepté néanmoins dans l’aventure de Mignot. […] Mais qu’est-ce que Chapelle a fait à l’Auteur, pour le mettre toujours pris de vin sur la Scène, ou dans la disposition de s’enivrer ? […] La Scène du Courtisan Extravagant n’est point un morceau à mettre dans un Livre, elle n’est bonne que pour une Comédie ; elle est toute écrite, il n’y aurait qu’à la placer.

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