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151. (1861) Molière (Corneille, Racine et Molière) pp. 309-514

Ce mariage le mit dans une position fausse et pleine de difficultés. […] Il avait pris le mariage au sérieux, et il aimait Mlle Molière. […] Nous sommes dans un intérieur de famille et c’est de mariage qu’il s’agit. Dans la réalité, les questions de mariage sont parfois fort épineuses; mais dans la comédie c’est bien autre chose. […] Qu’en dehors du mariage la femme est un être manqué, et que, dans le mariage même, il n’y a de salut pour elle qu’autant qu’elle passe par une sorte de nouvelle naissance, que son mari l’éduque, l’initie l’absorbe, l’ensevelit en lui.

152. (1886) Molière, l’homme et le comédien (Revue des deux mondes) pp. 796-834

Il s’agirait d’un saint, que la dévotion, inspirée par une telle idée et parlant ce langage, passerait pour niaise ; mais on s’étonne, puisqu’il s’agit de Molière, que le souvenir de Thomas Diafoirus et de ses « qualités pour le mariage et la propagation » n’ait pas arrêté la plume qui se complaisait en ces phrases étranges. […] En dépit de la résolution qui lui fit quitter la maison paternelle pour embrasser la plus aventureuse des carrières, en dépit du mariage qu’il contracta par amour, — ce sont là crises de vocation ou de passion très conciliâmes avec le jugement le plus net, — l’ensemble de sa carrière révèle beaucoup de bon sens uni à beaucoup d’habileté. […] Sans parler de la passion qui lui fit épouser Armande Béjart, une série d’intrigues, successives ou simultanées, mais ininterrompues, occupa ses loisirs jusqu’à son mariage et en adoucit peut-être les ennuis. […] A mesure, en effet, qu’il constate de plus près la vanité de toutes les passions, de toutes les institutions humaines, de l’amour et du mariage, de la littérature et de la science de l’autorité paternelle et de la religion, il creuse de plus en plus les dessous, comme nous dirions aujourd’hui, sur lesquels il construit son œuvre ; l’amertume croît dans son âme et finit par déborder.

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